Cet article est extrait du n°7 de la revue Y, téléchargeable ici.

Photographie : Lukas Gisbert-Mora.

Photographie : Lukas Gisbert-Mora.

Mordus de vitesse et de gros bolides, bienvenue ! Si vous êtes passés par la case Playstation au moins une fois dans votre vie, il est difficile d’imaginer que vous n’ayez pas croisé la route d’un Gran Turismo… Développée par Polyphony Digital et éditée par Sony Computer Entertainment, cette franchise de simulation de course automobile a sans aucun doute marqué l’histoire de la console – avec des ventes totales de 68 millions d’exemplaires -, et continue de le faire aujourd’hui, non sans talent. C’est d’ailleurs à l’occasion des 15 ans de la série que Sony a annoncé officiellement la sortie du 6ème opus pour le mois de décembre 2013. L’occasion pour Y de revenir sur l’une des sagas les plus grandioses de l’histoire du jeu vidéo…

Gran Turismo 1 & 2 : de pionnier à référence ultime
L’éveil de la série se produit en décembre 1997 au Japon, avec la sortie du premier opus sur Playstation. Après cinq années de développement par Polyphony Digital, le lancement d’un tel titre pouvait donner des sueurs froides à ses concepteurs… En effet, le secteur de la course automobile sur consoles était à l’époque très pauvre, voire inexistant en matière de simulation pure et dure. L’enjeu était double : séduire un joueur habitué à l’arcadeet respecter les exigences de la simulation, de la maniabilité des véhicules à leur sonorisation, en passant par les diverses contraintes liées au type de sol ou à la température… Sony a donc dû exploiter à fond les capacités de sa Playstation âgée de trois ans et proposer des marques, modèles, motorisations, maniabilités, sonorités… ultra-réelles ! Un travail de documentation de longue haleine pour le studio qui a donné, sans le savoir, naissance au nouveau standard de la course automobile sur consoles…

Le jeu proposait à l’époque un large éventail de possibilités avec un mode carrière, un mode arcade (moins exigeant), et un mode multi-joueurs à écran splitté, sans oublier l’excellent contre-la-montre. L’expérience du mode carrière, le plus intéressant (et le plus complexe !), commence de manière inédite par l’obtention obligatoire du permis B pour démarrer l’aventure au volant d’un petit veau d’occasion histoire de se faire la main (suivront les permis A et A International). Ensuite vous n’avez plus qu’à gagner vos premières courses et réunir de quoi améliorer votre voiture ou en acheter de nouvelles. Donnant accès à 11 circuits et 178 véhicules (une quantité impensable à l’époque), Gran Turismo propose une expérience de conduite ahurissante, poussée parfois à l’extrême sur les derniers challenges. Cette sensation de réalisme est portée par l’arrivée du premier Dualshock, ces petits sticks qui permettent au joueur de doser sa conduite de manière beaucoup plus subtile qu’avec les traditionnelles flèches directionnelles. Au total, Gran Turismo s’est vendu à près de 11 millions d’exemplaires, et est devenu le jeu le plus vendu de la Playstation, confirmant le succès de Polyphony Digital, et surtout le début prometteur de la franchise.

Sur sa lancée, le studio a sorti le deuxième opus en 2000 – juste avant la sortie de la Playstation 2 -, élargissant encore son offre de véhicules et de circuits, même si le vieillissement de la console s’est fait de plus en plus sentir sur les graphismes… Le jeu se vendra à plus de 9 millions d’exemplaires – tout de même – et clôturera avec un immense succès l’histoire de la saga sur la Playstation, première du nom, confirmant l’écrasante domination de Gran Turismo sur l’univers des jeux de course.

Gran Turismo 3 A-Spec & 4 : l’apogée
Malgré un nombre de véhicules en nette diminution (moins de 200 versus 600 pour son prédécesseur) et un nombre équivalent de circuits, le jeu – sorti en 2001 sur Playstation 2 – propose une expérience de conduite toujours plus poussée et une durée de vie d’une centaine d’heures, impressionnant pour l’époque… Les plus acharnés d’entre nous se souviendront peut-être des soirées entières passées au coin du feu à avaler les 300 kilomètres d’une ‘endurance’. Sinon, souvenez-vous des hurlements de vos parents, ça devrait mieux fonctionner !
Parmi les nouveautés et améliorations, on note la possibilité de courir sous la pluie, le travail effectué sur la qualité des courses de rallye, ainsi que la possibilité de courir face à 5 autres joueurs grâce au réseau i.LINK ! Et, plus singulier, l’apparition de deux Formule 1 diaboliquement efficaces. Mais la principale révolution du jeu résidait dans les graphismes, qui marquèrent définitivement la rupture avec les épisodes précédents… et au passage avec les autres jeux de l’époque ! En plus de proposer des modélisations superbes et des textures très détaillées, Gran Turismo 3 ne présentait que très peu de défauts visuels de type « aliasing », autrement dit de l’apparition de pixels en ‘escalier’ à la place des courbes, particulièrement gênants et assez fréquents sur la PS2. L’accueil du jeu fut unanime : il s’écoula à presque 15 millions de copies, faisant de lui le deuxième jeu le plus vendu de la Playstation 2, derrière Gran Theft Auto San Andreas et ses 18 millions d’exemplaires. Et comme si rien ne pouvait se passer éternellement bien, il fallait que le succès du bébé de Sony attire de nouveaux concurrents…
L’année 2005 marque à la fois la sortie de Gran Turismo 4 sur PS2, et celle de Forza Motorsport sur Xbox, développé par Turn 10 et édité par Microsoft Game Studios. Car si la Playstation avait son « exclusivité », les acheteurs de Xbox devaient se contenter pour l’époque de la série des TOCA Race Driver, plutôt bons en matière de sensations mais sacrément limités quand le joueur était à la recherche d’une vraie simulation. Ce fut donc chose faite avec les Forza, qui marquèrent la fin du règne solitaire de Gran Turismo. Mais le défi était de taille… Gran Turismo 4 a eu le mérite d’être pour beaucoup de fans l’opus le plus réussi de la série. Reprenant et sublimant les codes des précédents épisodes, GT 4 propose 700 véhicules et 50 circuits, ainsi qu’un mode B-Spec où le joueur peut carrément se prendre pour un directeur d’écurie et gérer des pilotes. Le tout porté par des graphismes somptueux pour l’époque, bref, que du bonheur. Au final, GT 4 s’écoule à presque 11 millions d’exemplaires et reste pour beaucoup de fans le symbole de l’apogée de la série, plaçant la barre très haut pour son petit frère, qui aura la lourde tâche d’inaugurer la série sur la Playstation 3…

Photographie : Lukas Gisbert-Mora.

Photographie : Lukas Gisbert-Mora.

Gran Turismo 5
Après la sortie d’une version bridée en 2008, GT 5 Prologue, la version finale arrive sur la PS3 fin 2010, après six reports consécutifs et une grosse pression des fans. Et malgré les cinq (très) longues années de développement du studio, les principaux défauts historiques du jeu, que l’on imaginait déjà être de l’histoire ancienne, se sont finalement retrouvés à l’écran : rigidité absolue de la conduite empêchant le moindre écart, une IA scotchée au sol, et la possibilité de passer un virage à fond en raclant la barrière de sécurité sans risquer la moindre pénalité. Et pour enfoncer le clou, la gestion des dégâts qui était réclamée depuis des années, s’est cantonnée à de brèves rayures sur une toute petite partie des 1031 véhicules disponibles.
Concernant les nouveautés, pas de grande révolution non plus. Les nouvelles disciplines restent très limitées et pas toujours bien réalisées : si les quelques véhicules Nascar sont relativement bien achevés, le karting fait plutôt penser à un remake vaseux des Micro Machines. Clairement obsolète à beaucoup de niveaux, GT 5 sera resté fidèle aux lignes directrices qui ont fait le succès de la série dans le passé, sans toujours savoir les sublimer. La fin d’un règne ? Sûrement pas. Fier de ses origines et des qualités qui l’ont fait tant briller, le 5ème opus, même s’il n’a pas explosé de records, est tout de même parvenu à s’écouler à 9 millions d’exemplaires.

Standard un jour, standard toujours ! Et si vous en doutez, rendez-vous le 6 décembre prochain pour la sortie du 6ème opus sur Playstation 3 !

Written by Benoit Gisbert-Mora