Cet article est extrait du n°2 de la revue Y, téléchargeable ici.

Dans un monde parfait, cet objet n’existerait pas et serait encore moins « cul…te » (notez le jeu de mots hilarant). Cependant, au cas où vous n’auriez pas remarqué, nous ne sommes pas dans un monde parfait et la génération Y est bien née sous (et sans) la capote. Car le Sida fête sa trentaine meurtrière sans qu’aucun remède n’ait encore été découvert, et ce malgré les progrès phénoménaux des chercheurs (« Big Up » pour eux !).

Photographie : ganesha.isis/Creative Commons.

Pourtant ça nous semblait encore loin et vague tout ça, du temps où notre instit’ (vous avez remarqué que c’était toujours le prof le plus coincé du collège à qui on collait le cours d’ « éducation sexuelle » ?) portait en triomphe une banane, sous les gloussements intempestifs et les regards faussement timides du public de prépubères qui se tenait devant lui. Comment peut-on mesurer les risques d’attraper le VIH avec une simple distribution de capotes parfumées et la démonstration du déroulage autour de la banane (ou du concombre, au choix), présentée façon Jamy et Fred ?

Nous sommes la génération née sous capote mais pas la mieux informée, c’est un fait. Si j’écris cet article aujourd’hui, c’est parce que dix ans après le coup de la banane, les ados sont devenus des adultes qui pensent encore qu’il suffit de se laver après l’acte sexuel pour ne pas attraper le virus du Sida. Que la pilule contraceptive constitue une protection contre ce fléau. Que le dépistage est payant et que vous allez devoir décliner votre identité complète au médecin, qui va non seulement vous charcuter le bras pendant une demi-heure mais aussi vous soumettre à un interrogatoire digne du FBI, option Mentalist. Que garder une capote dans votre poche fait de vous une fille facile/un DSK en puissance. Je vous rapporte exactement les propos de personnes de mon entourage, sexuellement actives et avoisinant la trentaine – d’ailleurs j’ai dû, à l’époque, me transformer en une sorte de Mac Leggsy du Sida pour éviter toute transmission… d’idées reçues.

Stop aux préjugés ! Un seul mot d’ordre : gardez un préservatif (masculin ou féminin) sur vous, à l’abri des frottements de tissus et des objets coupants, et jetez les capotes périmées en 2001, même si ça vous fait un super souvenir de votre période « rebelle à mèche » du bahut.  Et surtout, renseignez-vous, pas sur les sites du type Jesuismalade.com, mais sur les sites sérieux : www.sida-info-service.orgwww.sidaction.org ou encore www.aides.org, pour ne citer que ces trois-là.

Photographie : Gustavo Pimenta/Creative Commons.

La journée mondiale de lutte contre le Sida se déroulera ce 1er décembre. Si vous ne voulez plus que le préservatif soit considéré comme un objet « culte », si vous voulez pouvoir dire à vos enfants : « Tu sais petit, à mon époque pour éviter de se foutre en l’air après être allé au septième ciel, on devait porter un bout de latex… oui, voilà, comme la matière de ta soucoupe volante [Ndlr : oui bon, tout est possible hein] »… PROTEGEZ-VOUS !!

N.B. : Louez ou achetez le DVD de Philadelphia, film grandiose avec une B.O. d’enfer (Neil Young et Bruce Springsteen) sur la découverte de l’épidémie, avec Tom Hanks, Denzel Washington et Antonio Banderas, sublimes et troublants de justesse.

 

Written by Claire Faugeroux

"Y" dans l'âme, fermement décidée à prouver que sa génération a construit sa propre culture, nez collé aux écrans... ou pas !