Le premier album de Fauve ≠, Vieux Frères – Partie 1 est sorti début février. Pour l’occasion, le collectif s’est offert le Bataclan pour deux semaines quasi-complètes, entre février et mars. Le comble ? Toutes ces dates se sont jouées à guichets fermés. Nous nous sommes donc rendus au Bataclan, avec un regard quasiment neutre sur le collectif, prêts à recevoir en (presque) toute objectivité ce que ces cinq savants du spoken word ont à offrir à leur public.

Fauve-Revuey1

En écoutant Fauve ≠, on imagine assez bien, et peut être à tort, ce que ce groupe essaie de communiquer. Une musique faite par des losers, pour des losers, une sorte d’apologie de l’errance humaine. On s’attend à voir arriver sur scène des canards boiteux, usés par leur courte vie de blancs des beaux quartiers, à l’image des personnages qu’ils créent. Une spirale musicale de l’échec, conduisant irrémédiablement à des messages d’espoir sonnant comme des fables.

Mais pas du tout. Fauve ≠ est loin, très loin, d’être constitué de bras cassés à l’image des protagonistes décrits dans leurs textes. Et on a même du mal à croire, après quelques chansons, que ces jeunes sont des losers. Le flow du chanteur est impeccable, acéré et captivant. La partie instrumentale est parfaitement exécutée. Tout au long du show, des vidéos réalisées par le collectif sont projetées sur scène, rappelant celles des lives « Pulse » de Pink Floyd. Des effets de lumière envahissent la scène. Bref, on a bien affaire à des professionnels, dont le show est implacable.

Fauve-Revuey2

Le concert commence avec « De ceux ». Le public est en forme, mais bizarrement d’une moyenne d’âge plus élevée que ce à quoi on s’attendait. Même si la fosse est largement constituée d’ados et de jeunes adultes, de très nombreux 30 – 40 ans occupent le Bataclan et apaisent le public, au point qu’une fois les premiers titres passés, l’ambiance se calme… peut être même un peu trop. À croire que le cri du cœur de la petite bourgeoisie parisienne portée par Fauve attire autant ses parents que ses semblables.

Au bout d’une petite demi-heure, comme pour décrasser la salle, le jeune rappeur Georgio arrive sur scène pour accompagner le groupe sur « Voyous », et livre une prestation irréprochable. Le public se réveille enfin, et il valait mieux : sur le titre suivant, 4000 îles, le groupe l’embarque carrément dans un canon, divisant la salle en trois parties pour interpréter l’introduction. Si le résultat final pouvait sur le coup paraître un peu chaotique, Fauve ≠ prouve une nouvelle fois sa générosité et sa capacité à dialoguer avec son public. S’en suivra une longue et belle heure de show, du rythme désabusé et mélancolique de « Rub a Dub » au flow énervé de « Nuits Fauves ». La soirée s’achève avec le rappel de « Kané », et un long « Blizzard », histoire de finir de convaincre les derniers sceptiques. Le lâcher de fauve a bien eu lieu.

Et puisque deux semaines de Bataclan n’ont pas l’air de suffire au collectif et à ses nombreux fans, ils y seront de retour du 8 au 12 avril (il reste encore des places !) puis du 13 au 17 mai (complet…). Sans oublier les nombreuses autres dates en France et dans des festivals, jusqu’à cet été.

En bonus, la tracklist du concert du 7 mars au Bataclan :

De Ceux
Haut Les cœurs
Cock Music Smart Music
Sainte Anne
Lettre à Zoé
Voyous (avec Georgio sur scène)
4.000 îles
Infirmière
Requin-Tigre
Rub a Dub
Vieux Frère
Jeunesse Talking Blues
Nuits Fauves
2XGM
Kané
Loterie
Blizzard

Fauve-Revuey3

Written by Benoit Gisbert-Mora