À moins d’être resté cloitré dans une grotte ces six dernières semaines, impossible d’être passé à côté de l’événement rock de l’année : Led Zeppelin, groupe mythique des années 70’s, s’apprête à sortir des versions remasterisées de ses neuf albums, sous forme de « compagnons » (pour rappel, on en a parlé là !). L’Olympia a donc accueilli pour l’occasion Jimmy Page – fondateur et guitariste du groupe -, 45 ans après que celui-ci ait foulé le sol de cette salle de concert splendide pour l’un des premiers concerts du Zeppelin en dehors de sa Grande Bretagne natale. Retour sur cette soirée de rêve, avec un compte rendu des 40 minutes d’écoutes en exclusivité mondiale, et une interview intimiste entre Jimmy et ses fans.

Led Zeppelin

 

Le show démarre avec la diffusion d’un petit film avec des extraits de lives, histoire de mettre dans l’ambiance. Après l’intronisation de Jimmy Page et de longs (et mérités) applaudissements, ce dernier invite l’Olympia à écouter, en exclusivité mondiale, 40 minutes extraites des trois premiers compagnons, à paraître début juin.

Histoire de commencer dans le dur, les deux premiers titres sont tirés du fameux concert parisien de 1969, à l’Olympia, qui n’avait jamais été dévoilé auparavant. Communication Breackdown, d’abord, puis You Shook Me. Le ton est donné. En fermant les yeux, on s’imagine retourner un demi-siècle en arrière tant les pistes ont été formidablement retranscrites et envahissent cette même salle. Puis vient le tour de six versions de travail : Heartbreaker, Whole Lotta Love, Since I’ve Been Loving You (certainement la plus belle version qu’il m’ait été donné d’écouter), Immigrant Song, et pour finir, Key To The Highway / Double Mind. C’est sur cet ultime titre inédit que s’achève l’écoute.

Mister Page débarque à nouveau sur scène pour une interview exclusive avec ses fans :

Led Zeppelin 2

Question : Pouvez-vous nous parler du dernier titre de ce soir, Key To The Highway / Double Mind ?

Jimmy Page : En fait, il s’agit d’une des premières versions de travail de Hats Off To Harper, qui clôture Led Zeppelin III. Cette chanson m’a toujours fasciné. J’ai adoré travailler sur le bottleneck et le blues américain. Nous voulions à l’époque juste faire un petit bœuf avec Robert (Robert Plant, chanteur de Led Zeppelin, NDLR), et nous avons commencé à passer sa voix dans le reverb d’un petit ampli Vox, et le résultat a été tellement intéressant qu’on a songé à l’enregistrer.

Question : Pourquoi remasteriser les albums ?

Jimmy Page : À la base, nous avons enregistré nos titres pour vinyles. Vingt ans plus tard, je les ai remasterisés sur CD afin de tirer le maximum de possibilités de ce nouveau support. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, j’ai voulu refaire la même démarche et apporter une autre expérience du son de l’époque. Tout ce travail a été réalisé avec John Davis, qui avait déjà remasterisé Mothership (Compilation sortie en 2007, NDLR).

Led Zeppelin III

« Question : Comment avez-vous choisi les pistes qui allaient composer les compagnons ?

Jimmy Page : Ce n’était pas juste une question de remastering. Je voulais surtout donner l’occasion aux gens de comprendre comment nous travaillions en studio. Ces versions que vous découvrez aujourd’hui sont celles que nous écoutions à l’époque pour travailler et nous améliorer. J’ai choisi celles qui illustraient le mieux cette volonté.

Question : Parmi toutes les pistes enfouies, quelle était la plus surprenante à redécouvrir ?

Jimmy Page : Un jour, en remuant de vieux cartons, j’ai retrouvé des cassettes sans étiquettes, qui contenaient des versions de travail d’Achilles Last Stand (Titre d’ouverture de l’album Presence sorti en 1976, NDLR). Elles étaient absolument extraordinaires, d’autant que je ne soupçonnais plus leur existence. Ça a été ma plus belle surprise.

Question : Comment était ce concert à l’Olympia en 1969 ? Pourquoi en avoir tiré des extraits pour le premier compagnon ?

Jimmy Page : J’ai écouté ce live. Le son était très brut, très dur, le public était extrêmement enthousiaste. En plus, c’est le premier concert que nous avons enregistré en multipiste, c’était donc important pour nous. Au début du concert, nous avons du baisser le son des amplis après la deuxième chanson tellement c’était fort ! (rires)

Question : Pouvez-vous nous parler de la splendide version de travail de Heartbreaker ?

Jimmy Page : Cette version a été enregistrée dans un studio aux Etats-Unis. C’est une version très spéciale, car nous étions survoltés pendant l’enregistrement. Je suis encore émerveillé à chaque fois que je l’écoute.

Question : Quels sont vos meilleurs souvenirs de Bron Yr Aur ? (Bron Yr Aur était le nom d’une maison de campagne dans laquelle ils composaient des titres ou se reposaient, NDLR)

Jimmy Page : C’était fascinant. Il n’y avait ni électricité ni gaz. Notre mode de vie à Bron Yr Aur était très primitif. That’s The Way est la première vraie chanson sortie de la maison. Nous l’avions composée sur une petite colline non loin de là.

Question : Comment avez-vous eu l’idée de créer les négatifs pour la couverture des disques compagnons ?

Jimmy Page : En fait je les trouve plus inversés que négatifs. Chaque compagnon est là pour montrer l’envers du décors, et donc compléter l’écoute des versions studio originales. D’où l’idée de couleurs inversées, qui agissent comme un miroir.

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Question : Qu’avez vous tiré de vos nombreuses années d’enregistrement studio avant de fonder Led Zeppelin ?

Jimmy Page : C’était une bonne opportunité de découvrir les différentes technologies de l’époque, de parler avec les ingénieurs et de comprendre comment les studios fonctionnaient. J’ai pu faire des expériences sur des bandes analogiques, magnétiques, j’ai travaillé dessus pour réussir à les additionner correctement et cela m’a beaucoup servi pour Led zeppelin. »

Pour rappel, les trois premiers albums compagnons sortiront le 2 juin prochain. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site officiel de Led Zeppelin.

 

Benoit Gisbert-Mora

Written by Benoit Gisbert-Mora