Depuis le 19 novembre au Grand Palais à Paris se tient l’exposition « Haïti, deux siècles de création artistique » en marge de la très courue exposition Hokusai. Elle a lieu jusqu’au 15 février.

C’est un voyage dans l’ailleurs que le Grand Palais a réussi en coup de maître pour cette exposition. En effet, loin de ce que l’on pourrait imaginer, les deux cent ans d’art Haïtien présentés n’ont rien à voir avec un art sans fond ou sans âme. Il est à la fois spirituel, politique, universel, paysager et communicatif.

Feu

Deux cent dix ans d’indépendance et deux cent ans de création artistique communiquent fortement à travers la section Chèf yo composée des oeuvres les plus anciennes où des noirs, descendants d’esclaves se tiennent avec la droiture, l’élégance et la prestance de Napoléon. Les chefs, comme ils disent, sont ceux qui ont forgé le caractère du peuple Haïtien qui se déroule tout au long de l’exposition d’œuvre en œuvre.

Les autres sections se composent de Santit yo, Lespri yo, et Peyizaj yo autours desquelles s’articulent les travaux. La récupération y a une place de choix dans la créativité des artistes montrant qu’aucune limite au regard de l’artiste ne peut être établie.

Tour à tour, installations, peintures, sculptures, dessins et arts vidéo, qui s’inspirent du vaudou ou de l’art naïf abordent l’immensité de la culture créole à travers les 168 oeuvres présentées de 56 artistes différents.

Tete Haiti

Fait étonnant également, trois « Tetatet » ont été osés et servent de dialogue entre l’oeuvre d’un artiste Haïtien et d’un artiste étranger. On retrouve donc Sasha Hubert et Jean-Ulrick Désert, Sébastien Jean et Robert Saint-Brice ainsi que Hervé Télémaque et Jean-Michel Basquiat. Ce dernier duo tend à réhabiliter les origines Haïtiennes de Basquiat dont les oeuvres en sont plus proches esthétiquement que des artistes New-Yorkais.

L’image de Haïti largement répandue par les médias, notamment depuis le tremblement de terre de 2010, est celle d’un peuple sans richesses, tant financière, qu’intellectuelle ou morale. Un paradis touristique perdu où les bidonvilles, la violence et le manque de ressources sont la norme. Unilatéralement par les occidentaux, le constat est noir pour la première république noire. Mais heureusement ici il n’est rien de cela et seuls les arts dominent.

Haiti 1 Oiseaux Jesus

Written by Mathieu des Esseintes