Il y a des phrases qui en disent beaucoup :  » tu es presque de la famille ». Voilà la phrase apparemment sympathique que lance l’air de rien Barbara à Val, son employée de maison. Mais vite, on se rend compte de la violence que cache ce « presque ». Val, employée modèle depuis quinze ans ne fera effectivement jamais tout à fait partie de cette famille. Elle vit chez eux, les assiste quotidiennement, elle aime énormément Fahbino, le fils, mais elle restera toujours au second plan des photos de famille, elle est, et restera, une domestique.

Anna Muylaert, la réalisatrice du film montre bien qu’au 21ème siècle, au Brésil comme ailleurs, les classes sociales sont bien loin d’avoir disparu. Les patrons ont beau être des bourgeois-bohèmes, ils sont avant tout des maîtres qui attendent que leurs employés de maison restent à leur place de serviteurs. Les règles du jeu social sont plus implicites mais les rapports demeurent inégaux. Dans la belle et calme villa de São Paulo, tout semble aller en apparence pour le mieux.

Second mother

Val (Regina Casé) est proche de Fabinho (Michel Joelsas) le fils de la famille chez qui elle travaille.

Mais le jour où Jessica, la fille de Val débarque, l’apparent équilibre de la maisonnée va s’en trouver bouleversé. Val n’a pas vu sa fille depuis dix ans, elle a sacrifié sa vie familiale pour gagner sa vie. Elle retrouve une belle jeune femme de 19 ans , brillante et indépendante. Jessica rêve de devenir architecte, en attendant de se trouver un appartement, elle s’installe dans la villa. Elle considère les employeurs de sa mère comme des égaux, ne comprend pas la docilité de sa mère. La jeune femme bouleverse les habitudes, les règles sociales et la vie de tous faisant remonter à la surface les peurs et les frustrations de chacun.

Heureusement tout cela ne finira pas dans la violence mais c’est une petite révolution intime que vont vivre certains des personnages. Val en particulier va comprendre qu’il faut qu’elle soutienne sa fille, pourtant si intelligente, pour qu’elle évite de faire les erreurs qu’elle a elle même commis par le passé. Une seconde mère est doux- amer à l’image de la belle chanson Águas de Março que l’on entend dans le film et qui fut popularisée en français par Georges Moustaki.
Mais il y a de l’espoir, il n’est pas anodin que Jessica veuille devenir architecte. Quoi de mieux en effet pour abattre des cloisons, remodeler des espaces, changer les habitudes ? Quoi de mieux dans l’idéal, pour rêver à une autre vie qui sera peut être meilleure, en tout cas différente ?

Written by Matthias Hardoy

Parle beaucoup de cinéma et un peu d'autres choses (radio, théâtre...) Franco- espagnol de nationalité, finnois de cœur et parisien depuis peu...