Parfois, on ne sait pas pourquoi, on passe outre le continuum espace-temps, et on se retrouve en mode bêta un certain 21 octobre 2015, alors que la planète entière s’enflamme sur les réseaux sociaux. Je n’ai pas d’explication excuse, je sais. Je m’en suis bien rendue compte quelques jours après, lorsque j’ai appelé à l’aide mes amis Facebookiens pour me sortir de mon infâme ignorance. Face à une vague de haine pure (« Mais t’as hiberné ou quoi ? » « Et pendant que tu y es, t’as pas vu Titanic ? » « Tu veux ma photo, banane ? »), j’ai décidé de m’atteler au visionnage des trois épisodes de la trilogie « Retour vers le futur ». Ou comment j’ai découvert un film culte… quelques jours après l’arrivée de Marty McFly.

Toutes les inventions de Doc ne fonctionnent pas… (© Universal Pictures)

A quoi reconnaît-on qu’un film est culte, alors même que les gens de ma génération n’étaient pas nés lors de la sortie du premier opus (en 1985) ? Déjà, lorsqu’on « connaît » le film, son pitch et ses acteurs, avant même de l’avoir vu – c’était mon cas pour « Retour vers le futur ». Lorsque celui-ci fait l’objet de nombreuses références au quotidien (films, séries, produits dérivés…). Et aussi, quand il est régulièrement rediffusé à la télévision – j’ai donc du effectivement hiberner. Retour vers des films intemporels, devenus des incontournables de la science-fiction tout public.

Marty McFly (Michael J. Fox) est un adolescent des années 1980 : il a honte de sa famille (et on le comprend), notamment de son père – un lâche qui se fait tourmenter par une crapule du nom de Biff Tannen, personnage inspiré par… Donald Trump – et préfère faire le mur avec sa petite amie Jennifer ou traîner chez un savant fou, Emmett « Doc » Brown (Christopher Lloyd).

Ce dernier, incarnation même du professeur foldingue, lui dévoile sa plus belle invention : une machine à voyager dans le temps, sous la forme improbable d’une DeLorean – initialement ce devait être un réfrigérateur, mais c’était nettement moins swag. Il suffit de programmer sa date de départ et d’arrivée, d’alimenter le convecteur avec du plutonium, et d’atteindre la vitesse de 88 miles/heure, pour se retrouver dans une autre époque (je suis sûre qu’Harry, Hermione et Ron font moins les malins avec leur retourneur de temps !). Tout cela bien sûr, en faisant attention de ne pas faire de vagues qui pourraient bouleverser le cours de l’Histoire. Mais bien sûr, lorsque vous mettez un adolescent au volant d’une DeLorean à remonter le temps, des vagues, il va y en avoir ! Ainsi, dans le premier film, Marty change son destin en tombant nez-à-nez avec ses parents en 1955 : passé le traumatisme, il doit faire en sorte que ceux-ci tombent amoureux, au risque de disparaître !

« Vos gosses vont adorer ça ! »

Ce premier volet de la trilogie connaît un succès retentissant à sa sortie avec 350 millions de dollars de recettes, alors que sa réalisation avait été semée d’embûches : ni Michael J. Fox, ni Christopher Lloyd avaient été les premiers pressentis au casting ; Steven Spielberg a failli jamais en être le producteur, et une grande majorité des studios avaient rejeté les premières versions du scénario de Robert Zemeckis et Bob Gale. Y en a qui doivent se mordre les doigts aujourd’hui… Outre le succès commercial, le film séduit par son thème, le voyage dans le temps, ses deux héros attachants et leurs répliques complètement barrées. Une grande partie des journalistes critique sévèrement le film, il est pourtant acclamé par un public en mal de divertissement. Mais comme l’avait dit Marty McFly : « Je crois que vous n’êtes pas encore prêts pour ce genre de chose. Par contre vos gosses vont adorer ça » !

« Là où on va, on n’a pas besoin de routes »

Le second film est celui qui a été le plus relayé dans les médias le 21 octobre 2015, car c’est ce jour-là que Marty, Doc et Jennifer se rendent dans le futur pour sauver Marty McFly Jr. On y découvre 2015 comme les scénaristes l’avaient fantasmé en 1989, un futur loufoque mais dans lequel, étrangement, de nombreuses prédictions se sont réalisées. Si Internet et les smartphones sont absents du film, certaines technologies ont bien vu le jour (les hologrammes, la visioconférence, la reconnaissance vocale, les étranges lunettes opaques de Doc, dont la technologie rappelle celle des Google Glass…). Même l’hoverboard pourrait bientôt faire partie de notre quotidien, si on en croit Lexus ! On regrette par contre l’absence d’hydrateur de pizzas et de voitures volantes (vous noterez mon sens de la priorité)…

Quant aux baskets Nike à laçage automatique, la marque a fait découvrir son tout premier modèle à Michael J. Fox le 21 octobre dernier. Le modèle « Nike Air Mag » sera bientôt mis aux enchères, et l’argent récolté, reversé à l’association de Michael J. Fox pour la recherche sur la maladie de Parkinson, dont l’acteur est devenu l’un des plus importants porte-paroles.

Plus qu’un étalage de « gadgets », le film joue avec les limites de l’espace-temps, jusqu’à rejouer la scène du bal de 1955 (le premier baiser des parents de Marty dans le premier opus), avec le Marty de 2015 observant le Marty de 1955 s’éclater avec sa guitare. Sans aucun doute ma séquence préférée de la trilogie !

« Ben qu’est-ce qu’il y a Eastwood, t’as les foies ? »

Même s’il semble que le troisième et ultime volet ait un peu moins convaincu les fans, j’ai personnellement beaucoup aimé le retour (ou l’arrivée, je ne sais plus) de Marty en 1885 pour sauver Doc, et les nombreux clins d’œil au western (on ne saura jamais si Clint Eastwood a apprécié). On y retrouve les mêmes répliques cultes et héros (les ancêtres de Marty et Biff), mais aussi la fameuse horloge de Hill Valley, symbole de la saga.

Bref, à quoi reconnaît-on qu’un film est culte ? Lorsqu’il parvient à nous faire rire et à nous faire rêver ; lorsque des expressions du type « Nom de Zeus ! » ou « C’est pas l’pied ! » passent dans le langage courant ; lorsqu’on rêve de prendre son hoverboard, de s’accrocher à un pick-up et de partir loin…

Ou plutôt, de partir quand.

Bonus (ben oui, on ne va pas se quitter comme ça !) :

Remerciements à Alexis, sans qui je n’aurais pas pu découvrir la trilogie, et Julie, pour la relecture 🙂

Written by Claire Faugeroux

"Y" dans l'âme, fermement décidée à prouver que sa génération a construit sa propre culture, nez collé aux écrans... ou pas !