À Angoulême, en janvier, se déroule l’incontournable Festival International de la Bande Dessinée (FIBD). En tant que grande aventurière, j’ai décidé de me plonger dans ce vivier artistique dont c’est la 43ème édition en 2016. Et comme je suis totalement novice en matière de bande dessinée, à moi la découverte !

Ouvert à tous, le FIBD permet de (re)découvrir des artistes de l’univers de la bande dessinée, de rendre hommage à d’autres, de propulser de jeunes talents sur le devant de la scène, ainsi que de favoriser l’échange et les rencontres entre initiés et non-initiés. Au programme en 2016, des performances graphiques, des projections, des débats, des conférences, des ateliers adultes et jeunesse, des spectacles, ainsi que des rencontres internationales, et bien évidemment les fameuses remises de Prix. Jour après jour, vous serez embarqués dans mon voyage autour de ce festival, qui change le visage d’Angoulême le temps d’un week-end.


Jour 3 : samedi 30 janvier 2016

Un troisième jour qui démarre… sous la pluie. Un réveil d’autant plus difficile que la soirée de la veille passée au OFF du FIBD s’est terminée tard. Mais je suis bien décidée à profiter de cette journée, sûrement celle qui va accueillir le plus de monde. Car ça y est, Angoulême est transformée et il est difficile de reconnaître la ville paisible dans laquelle je vis actuellement. Et ça fait du bien ! Cependant, j’ai eu quelques mauvaises surprises en étant refoulée à des expositions ou conférences, car complètes. Il faut sûrement arriver bien à l’avance pour avoir l’opportunité d’accéder à certains événements, mais il y a tellement de choses à voir que les files d’attente, elles, ne me verront pas.

Les prix du Off : Couilles au cul et Charlie Schlingo

Le Prix Couilles au Cul

Nadia Khiari, avec Yan Lindingre et son Prix Couilles au cul

Nadia Khiari, avec Yan Lindingre et son Prix Couilles au cul ©Lucie DADILLON

Ce prix a été créé par Yan Lindingre, rédacteur en chef de Fluide Glacial, dans le cadre du Festival off d’Angoulême. L’organisation du FIBD et Charlie Hebdo ayant renoncé à remettre un Prix de la liberté d’expression, ce Prix Couilles au Cul, initié un an après les attentats du journal satirique, récompense le courage artistique d’un dessinateur, ou plutôt d’une dessinatrice pour la 1ère édition. Un magnifique trophée en forme de cou****s est en effet attribué à la grande gagnante, la talentueuse tunisienne Nadia Khiari, pour son personnage Willis from TunisLors de son discours de remerciements, on entendra la lauréate s’exprimer ainsi :  «Aux pessimistes qui disent que le Printemps arabe demeure un échec, je dis qu’il ne faut pas nous sous-estimer. Ça prend du temps. La Révolution c’est long mais c’est bon». De nombreuses personnes se sont rendues au 37.2 impasse Charlie Schlingo pour assister à cette remise de Prix hors du commun et ouverte à tous. À noter que la décision de faire remporter ce Prix à Nadia Khiari a été prise bien avant la polémique sur le sexisme du FIBD (voir ici pour plus de détails) et la reprise des conflits actuels en Tunisie.

Partenaires : Cartooning for Peace, Le Off of off, ActuaBD, Sud Ouest et Fluide Glacial.

Le Prix Charlie Schlingo

Le 8ème Prix Schlingo, créé à l’initiative de Florence Cestac et Yves Poinot en hommage au grand dessinateur et scénariste du même nom, a été remis cette année à MO/CDM et PIXEL VENGEUR pour leur album Les 3 petits cochons, ReloadedUne adaptation quelque peu différente de l’histoire que l’on connaît tous. Ici, les trois petits cochons sont à la sauce sexe, drogues et rock’n’roll. Plutôt inhabituel, moderne et trash. Juste ce qu’il faut pour remporter ce Prix.

Partenaires : La Charente Libre et Gérard Descrambe.

Hugo Pratt
L'exposition Hugo Pratt à l'Espace Franquin

L’exposition Hugo Pratt à l’Espace Franquin ©Lucie DADILLON et Anaïs SOURISSEAU

Me voilà ensuite propulsée dans un univers d’une toute autre nature. L’exposition Hugo Pratt, rencontres et passages, que l’on retrouve à l’Espace Franquin, salle Iribe, met en avant les influences, préoccupations et multiples rencontres qui ont fait de lui le célèbre auteur et dessinateur italien qu’on connaît, père de Corto Maltese. Avoir un pass Presse a été parfait pour accéder à l’exposition. En effet, une file d’attente plus longue que tous nos bras réunis se trouvait dehors à l’entrée. Mais une fois à l’intérieur, les choses ne sont pas plus simples. Il y a un sens de visite et un monde fou, ça avance au compte gouttes et il fait chaud. Mais heureusement l’exposition vaut le coup d’oeil. Personnellement, je connais Corto Maltese de nom, et bien qu’il m’ait invité à faire un tour en mer un jour, je n’ai jamais eu le loisir de le connaître mieux, parce que j’étais occupée ce jour-là, enfin bref, une longue histoire. C’est donc un voyage dans l’histoire de son créateur, à travers ses œuvres et des citations de lui sur ses diverses rencontres et influences, qui est proposé. C’est très coloré, et la visite de l’exposition me fait penser à un labyrinthe, avec ses chemins sinueux, à la différence près qu’il n’y a pas de piège et qu’on ne s’y perd pas. Le travail que je vois est différent de celui que je connais d’Hugo Pratt, c’est une vraie découverte.

Ensuite, je fais un petit passage par le Pavillon SNCF Polar pour un quizz sur les polars et une représentation musicale du groupe Les Insolites, reprenant des génériques ou des extraits de musique de polars. Evidemment, je n’ai rien gagné au quizz.

Performance artistique
ON ZE ROCKS / UNKUBART

ON ZE ROCKS / UNKUBART ©Lucie DADILLON

J’ai rencontré Aurélie la veille au soir, à la maison impasse Schlingo. Elle m’a parlé d’une performance qu’elle donnait au magasin ON ZE ROCKS, situé 6 rue Ludovic Trarieux, dans le cadre du Off du FIBD, donc gratuit et ouvert à tous. Me voici donc là-bas, à 19h30 pour assister à cette performance, la première que je n’ai jamais d’ailleurs. En attendant le début, je fais un tour. L’association UNKUBART est présente, et divers artistes sont exposés dans cet endroit que je qualifierai d’hors du temps. En effet, des personnages habillés de longs manteaux de fourrures ou d’accessoires loufoques s’y pressent. Et je suis entourée de jeux de lumières délicieux alors que les œuvres et les personnes autour de moi me font voyager dans un autre monde. Des artistes tels que Raphaëlle Leaves, Aurélie Brin et Daniela DieMarling, Toff, Disketer, Caroline Aycard, Feros ou encore Pauline Garcia Sanchos sont exposés et leurs oeuvres sont en vente (liste non exhaustive). Un bar associatif est en place également.

Performance Aurélie à ON ZE ROCKS / UNKUBART

Performance Aurélie à ON ZE ROCKS / UNKUBART ©Lucie DADILLON

Commence donc la performance d’Aurélie : il faut sortir du magasin car tout se passe dans la vitrine. De la fumée blanche, des perfusions sanguines qui pendent et un sac transparent à terre, dans lequel se trouve la performeuse. Au fur et à mesure, on suit sa sortie du sac, sa ‘libération’ alors qu’elle étouffait à l’intérieur. Puis on la voit accrochée à ces perfusions, seins nus, peinture blanche sur le corps, se débattre tantôt debout tantôt recroquevillée. Enfin, on la retrouve allongée, face contre terre à l’entrée du magasin, sortie de sa vitrine. Je ne sais quel message Aurélie a voulu faire passer. Selon moi, ça pourrait symboliser le passage de la naissance à la mort, mais ce n’est qu’hypothétique, d’autant plus que je n’y connais rien. En tout, la performance aura duré 5 minutes, et suscite de nombreuses remarques émanant du public. Personnellement, je ne suis pas habituée, ni même intéressée par ce genre de performance d’ordinaire. Je dois l’avouer, c’est quelque chose de très étrange à laquelle j’ai assisté. Mais c’était à voir.

Remise des Prix Fauves

Je n’y étais pas, mais pour les intéressés, vous trouverez le palmarès 2016 ici.

Enfin, pour achever cette journée, un passage dans un pub du centre, Le Kennedy au 10 rue Tison d’Argence, pour le passage annuel de la chorale des Petits Chanteurs à la Gueule de Bois. Des influences rock, des reprises d’intemporels à leur sauce, ils nous ont offert 45 minutes de détente bien méritée. Pas de folie au Off ce soir, il faut des forces pour terminer ce festival demain.

Donc je vous donne rendez-vous demain pour mes nouvelles et dernières aventures au pays de la BD !

Informations pratiques :

> Du 28 au 31/01/2016
Billetterie (gratuit pour les moins de 10 ans)
Sur place : 17€/jour – 37€/4 jours
http://www.bdangouleme.com/

Written by Lucie Dadillon