Ce mercredi 10 février sort au cinéma « Chair de poule : le film » (« Goosebumps » en anglais), l’adaptation cinématographique de la célèbre série littéraire de Robert Lawrence (ou juste « R.L. » pour les connaisseurs) Stine. Dans le film, c’est l’acteur Jack Black qui campe l’auteur des livres à succès. Lorsque des adolescents s’introduisent dans sa maison et y découvrent les manuscrits de « Chair de poule », ils ne peuvent s’empêcher de les ouvrir… laissant échapper loups-garous, pantins et autres créatures qui traumatisèrent bon nombre d’enfants dans les années 1990 !

La singularité de la série, écrite de 1992 à 1997 par l’Américain R.L. Stine, est d’avoir adapté le genre horrifique… aux enfants à partir de 9 ans. Difficile de trouver des équivalents actuels pour un très jeune public. Et puis « Chair de poule », c’est à peu près 350 millions de livres vendus dans le monde (450 millions pour « Harry Potter », si vous voulez vous faire une idée). Saperlipopette, comme dirait l’autre.

Le secret de cet engouement réside sans doute dans le fait que les héros ont le même âge que les lecteurs, et que le contexte (même s’il est très américanisé) permet de se projeter facilement dans chaque histoire : emménagement dans une nouvelle maison, colonie de vacances, fête d’Halloween… « L’horreur s’invite chez toi » aurait pu être le slogan de la série ! D’autant que la majorité de ces histoires reposent sur des « cliffhangers ». Encore plus flippant !

Comment expliquer que cette série soit devenue aussi addictive ? Sans doute parce que dans les années 1990, encore dépourvues de tablettes et de smartphones (« c’était l’bon vieux temps Lucette ! »), les livres permettaient un total accès à l’imaginaire (« et puis, on était en francs mon cher Raymond, on pouvait donc s’acheter plus de livres »). Et surtout, grâce à cette fameuse recette gagnante : jeunes héros et héroïnes banals + péripéties à chaque chapitre + fin ouvertes. Mais ce serait dommage de réduire « Chair de poule » à ça, non ?

En interrogeant des amis, je me suis aperçue que chacun avait été « traumatisé » par un ou plusieurs titres en particulier – jamais les mêmes. Chaque histoire révélait en nous des peurs (voire des phobies – oui, ça sent le vécu) inexpliquées. « Chair de poule » évoque à chacun des heures de lecture, des nuits cachées sous la couette – de peur de se faire attaquer par des zombies ou des chats complètement tarés, une époque où les références culturelles étaient encore les mêmes pour tous, un univers effrayant que ne saurait renier Stephen King[1], des titres et des couvertures accompagnés d’un logo dégoulinant, certes aussi subtils que ceux de Marc Lévy, mais inoubliables : « Jeux de monstres », « La colo de la peur », « Danger : chat méchant ! » ou encore « Terreur sous l’évier »…

Pour ma part, après avoir été terrorisée par « Le pantin maléfique », je continue de me méfier de tout ce qui ressemble de près ou de loin à un pantin – poupées, marionnettes, singe de Jeff Panacloc…

« Attention lecteur ! Tu vas pénétrer dans un monde étrange où le mystère et l’angoisse te donnent rendez-vous pour te faire frissonner de peur… et de plaisir ! » (c)Demotivateur.fr

« Attention lecteur ! Tu vas pénétrer dans un monde étrange où le mystère et l’angoisse te donnent rendez-vous pour te faire frissonner de peur… et de plaisir ! » (c)Demotivateur.fr

Comment écrire un article sur « Chair de poule », sans évoquer les après-midis passés devant France 2 (puis KD2A) à regarder la série adaptée des livres, et introduite par son mystérieux générique ? (bon, je ne suis pas sûre que le labrador aux yeux diaboliques fasse encore peur aujourd’hui, mais quand même !).

Saviez-vous d’ailleurs que Hayden Christensen et Ryan Gosling ont joué dans la série ?

Pas étonnant qu’après cela, cette même génération ait développé un certain goût pour les frissons, se postant devant M6 pour « La Trilogie du Samedi », ou découvrant dès 1996 que lorsqu’un inconnu vous appelle en plein milieu de la nuit… il faut mieux laisser sonner !

Il ne vous reste plus qu’à aller voir votre petit frère ou sœur de la génération Z, balancer le « Cabane magique » qu’il tient entre ses mains, et lui faire découvrir de la « vraie » littérature…

Qui a dit que les « Y » étaient des poules mouillées ?

[1] R.L. Stine se décrit même comme étant « le Stephen King des enfants ». Il assure d’ailleurs qu’il n’y a jamais eu aucune rivalité avec l’auteur culte de « Shining » (voir l’interview de The Wrap )

Written by Claire Faugeroux

"Y" dans l'âme, fermement décidée à prouver que sa génération a construit sa propre culture, nez collé aux écrans... ou pas !