La 9ème édition de la Sosh Freestyle Cup vient tout juste de s’achever à Marseille. Pendant 5 jours, riders internationaux, amateurs et spectateurs se sont rencontrés dans une ambiance sportive (et festive !) sur le sable bouillant de la plage Borély.

Nous en avons profité pour y rencontrer quelques personnalités incontournables de l’évènement qui marque depuis près d’une décennie la cité phocéenne. Sylvain Moussilmani, ex-top 10 mondial de Windsurf et co-fondateur avec son frère jumeau de la Sosh Freestyle Cup, a partagé avec nous sa vision du sport, de la compétition, et de l’avenir de l’évènement

matthias dandois

« On a eu envie de se donner un nouveau challenge. »

La Revue Y : Peux-tu nous expliquer ton parcours ?
S. M. : J’ai commencé le windsurf à 13 ans. J’ai fait 15 ans de carrière professionnelle, jusqu’à parvenir aux championnats du monde en 2011. J’ai mené ma carrière de sportif avec Benoît, mon jumeau, et Cyril, mon grand frère. Benoît et moi avions les mêmes partenaires, alors quand il décidé d’arrêter les compétitions en 2015, j’ai arrêté 6 mois plus tard. J’avais envie de passer à autre chose, je n’avais plus vraiment de motivation. En revanche, mon autre frère Cyril continue sur le circuit mondial, il est encore second actuellement, et j’espère qu’il finira bien l’année. Au cours d’une saison, il y a 10 étapes, alors il faut être très régulier ! En 2008, on a eu envie de se donner un nouveau challenge en se consacrant à fond aux sports de glisse en général, car on trouvait qu’il n’étaient pas assez représentés en France, et surtout, qu’ils transmettent de belles valeurs !

Y : Vous pensiez à quoi, au début ?
S. M. : En tant que Marseillais, on s’est dit qu’on pouvait créer un évènement multi-sports dans notre ville, à la fois pour les riders et pour le grand public. On souhaitait créer une partie dédiée au haut niveau et une partie proposant des initiations et des découvertes, tout en gardant un esprit convivial et festif.
On a alors sollicité France Télécom, et proposé le projet à Christophe Tournan, le responsable sponsoring de l’époque à Paris. À ce moment-là, le groupe était en train de se tourner de plus en plus vers le sport, et donc de séduire un public un peu plus jeune. On s’est dit qu’on allait essayer une année. On a proposé un concept sportif et festif avec de petits moyens au début, et ça a cartonné. Suite à ce succès, on a reconduit les contrats.
On a réussi à faire aujourd’hui un event très complet, avec à la fois les meilleurs sportifs mondiaux et un public très intéressé pour participer aux initiations. Il y a aussi un bel engouement des médias, donc c’est une belle réussite !

sosh freestyle cup

Y : Comment passe-t’on de sportif à organisateur d’évènement sportif ?
S. M. : Notre carrière sportive était organisée en 2 temps. Il y avait d’un côté une saison creuse entre octobre et avril, puis beaucoup de déplacements et de compétitions le reste de l’année. On a donc eu pendant très longtemps des périodes calmes de 6 mois… C’est là qu’on a eu le temps de mûrir ce projet, tout en préparant en parallèle les compétitions.
Au niveau des compétences, je pense qu’elles sont à peu près les mêmes pour gérer une carrière et un event sportif. Quand on était sur le circuit, on se gérait nous, mais également les relations presse, les sponsors, le planning, les entrainements, et surtout le budget. On disposait d’une enveloppe, et tout devait rentrer dedans… Pour les évènements, la méthodologie et la rigueur sont les mêmes. On s’est du coup tout de suite sentis compétents, mais je ne te cache pas qu’il y a eu des moments difficiles !

« On peut compter les uns sur les autres. »

Y : Le soutien fraternel a été important dans ces moments là ?
S. M. : J’ai la chance d’avoir un frère exceptionnel, j’espère qu’il se dit la même chose de moi (rires). On est des jumeaux super complémentaires sur différents aspects du travail, on arrive à équilibrer notre motivation. À l’époque des compétitions, quand on était 3 frères, on créait une sorte d’émulation à chaque entrainement et ça nous a poussé vers le haut. Parfois on perd un partenaire, ou la ville nous refuse des parties du projet, on ne fait pas tout le temps ce que aimerait faire. Il y a toujours des petites baisses de motivation des fois, mais on est soudés et on peut compter les uns sur les autres en effet.

la sosh moussilmani

Y : Tu parlais de partenariats, comment se passe l’entente avec Sosh, qui a tout de même mis son nom sur la compet ?
S. M. : Ils sont très à l’écoute. Le deal de base était de créer un vrai échange. On met nos idées sur papier, ils les étudient, et on sélectionne ensemble celles qui collent. Ils ont certes leurs priorités mais on arrive à créer un ensemble super cohérent.

Y : Et la transition d’Orange à Sosh alors ?
S. M. : Je dirais qu’elle a été vraiment bénéfique. Le cœur de cible de Sosh est basé sur les 18-35 ans, alors qu’Orange, c’était plutôt sur les 30-50 ans. Alors quand ils nous ont dit qu’ils allaient renommer l’évènement on a eu un peu peur car personne ne connaissait Sosh, mais ils nous ont très vite rassurés. Dans la foulée, leur campagne a été lancée et leur succès a été tellement énorme qu’il nous a donné encore plus de visibilité. C’était gagnant-gagnant. Et vu qu’on a les mêmes objectifs et la même communauté, ça se passe super bien. C’était franchement plus compliqué avec Orange !

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Y : Et tes potes sportifs dans tout ça ? Quelque chose a changé ?
S. M. : Dans le bon sens, oui ! Au début c’était un tout petit évènement. La première année, notre team s’occupait de la régie et le responsable des partenariats d’Orange nous aidait même à porter les barrières ! On avait beau tous rester à notre place en temps normal, le jour de l’évènement, tout le monde a mis la main à la pâte.
Il faut savoir que la première année, on a eu Martin Solveig sur la plage pour la fête de la musique, il y a eu 25 000 personnes et on avait pas vraiment tout verrouillé comme on le fait maintenant, surtout du point de vue de la sécurité. On a été secoués, on était à peine une dizaine de notre côté… Il y avait aussi la petite équipe d’Orange, et là, sur le coup, on s’est tous regardé et on s’est dit qu’il fallait tous s’y mettre. Autrement, on se serait fait envahir. Ces petites contraintes qu’on est parvenus à régler nous ont définitivement fédérés.

Y : Il y a aussi cette dimension de partage avec les autres riders ?
S. M. : Ils ont été vraiment pris en considération. Dès la première année, on a payé les déplacements des sportifs, on mettait du prize money sur les compétitions, etc. Il n’y avait pas non plus d’inscriptions payantes, bref, c’était un format assez nouveau dans le monde de la glisse, car on voulait défendre ces valeurs, nos valeurs. Les premières années, les sportifs venaient même nous donner un coup de main le matin avant leurs compétitions (auxquelles on participait d’ailleurs !). Le soir après la session ils nous aidaient encore pour tout démonter.
Aujourd’hui on est entrés dans un schéma à peu près normal, on a du budget et une équipe, mais l’esprit est resté le même ! On sent vraiment les valeurs de cet univers. On peut être concurrents dans l’eau, et solidaires une fois revenus sur terre. Même quand on partait en coupe du monde, quand on voyait un surfer en galère avec ses planches, on venait l’aider naturellement. Je saurais pas l’expliquer, c’est juste comme ça que ça se passe. C’est un milieu assez spécial, il y a beaucoup de respect entre riders. On a juste conservé ces valeurs en tant qu’organisateurs.

la sosh moussilmani

« On voudrait aussi rajouter de nouveaux sports comme le wake board. »

Y : Comment vois-tu le futur le l’évènement ?
S. M. : Pour moi, l’objectif est très simple, je veux qu’on fête nos 10 ans. Ça se passera l’année prochaine, et comme on a signé avec Sosh jusqu’en 2017, ça se fera ! C’est une très belle victoire pour nous ! En plus, l’année prochaine, Marseille sera capitale européenne du sport, et la Sosh Freestyle Cup sera l’évènement référent à Marseille pour toute la saison estivale. J’adorerai faire l’event sur 2 week-ends, soit 10 jours (au lieu de 5 jours actuellement, NDLR).
Le but étant de pouvoir consacrer beaucoup plus de temps à chaque sport. Cette année, tout s’est fait un peu dans la précipitation. Même si ça ne se remarque pas, en interne, les équipes sont très sollicitées. C’est un peu la course, et j’aimerais qu’on définisse des temps forts pour chaque discipline sur ces 10 jours.

Y : Plus de temps pour chaque sport, et… de nouvelles disciplines ?
S. M. : On voudrait en effet rajouter de nouveaux sports comme le wake board – en rajoutant des modules – et faire un show de FMX (Freestyle motocross, NDLR). Mais on a une démarche éco-citoyenne alors je ne me vois pas faire débarquer des dizaines des motos sur le village (rires). Quoiqu’il en soit, tous les sportifs viennent nous dirent qu’ils s’éclatent, et on veut continuer comme ça.

Y : Et au-delà de 2017 ?
S. M. : Sur le long terme, on aimerait clairement exporter l’évènement. Le rayonnement de la Sosh Freestyle Cup est national, alors d’autres évènements sur le sol français cannibaliserait celui de Marseille à mon avis. On a quelques pistes de développement à l’international, mais dans ce milieu, tant que rien n’est signé… À suivre bientôt donc !

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Written by Benoit Gisbert-Mora