Dernier épisode de notre série sur le printemps du Japon à Dublin. Après avoir assisté au festival Experience Japan ainsi qu’au festival du film japonais, nous sommes allés au dernier événement de ce mois nippon en Irlande : Le T.ej talk (comprendre Ted Experience Japan), traitait des différentes faces de la culture japonaise expliquées par des japonais expatriés en Irlande ou des irlandais ex-expatriés au Japon. Il était question de diplomatie, littérature, musique, culture générale, etc. Nous avons retenu quatre sujets pour vous en parler : la gastronomie, la justice, le cinéma et les arts martiaux.

La gastronomie vue par Fiona Uyema

Fiona Uyema

Fiona Uyema durant sa présentation

Fiona Uyema a débuté sa conférence avec une affirmation simple : la gastronomie au Japon n’est pas uniquement une question de goût, c’est surtout un art de vivre. Fiona a découvert le Japon grâce à un programme d’échange spécial ayant pour but de favoriser l’apprentissage de l’anglais dans les écoles japonaises. Elle a appris la culture et la langue japonaise (en même temps que le marketing international) à la Dublin City University (DCU) puis a quitté l’Irlande pour le Japon pendant trois ans. Vivant auprès d’une famille japonaise, elle y a découvert et adopté les réflexes nippons en matière de nutrition : on mange en fonction des saisons, local et on jette peu, les « restes » étant toujours réutilisés ultérieurement. L’idée que les japonais se nourrissent uniquement de poisson et de sushis est fausse, les plats et les ingrédients sont variés. Des plats tels les okonomiyakis, les ramens ou les tempuras sont en effet très répandus et goûtus. Prise de passion pour la diète japonaise, Fiona a écrit un livre sur ce sujet, tiens un blog et est aujourd’hui la cheffe irlandaise de référence en matière de cuisine japonaise.

La culture judiciaire japonaise expliquée par Paul Murphy

Le Japon a un taux de criminalité des plus bas, on appelle cela une « non-ghetto society ». Pour comparaison, vous avez six fois plus de chance de vous faire agresser en Irlande qu’au Japon… Et les effectifs de police suivent cette tendance : en proportion de population, les Irlandais comptent 50% de policiers de plus par habitant. L’aspect et l’arrangement d’une cour de justice japonaise sont semblables à ceux d’une cour de justice américaine. Ce qu’il faut savoir c’est que lorsque vous pénétrez (en tant qu’accusé) dans un tribunal japonais, vous êtes considéré comme coupable. Le procès n’est qu’une suite de blâmes de la part de la cour envers la défense. D’ailleurs, l’avocat de la défense ne défend pas le client mais l’accable également, espérant que si l’accusé exprime des remords, la cour sera plus clémente !  Les effets de manche n’existent pas, on ne bluffe pas. L’honneur, l’honnêteté et les excuses ne sont de rigueur que si l’on veut voir sa sentence allégée. Fait amusant, les personnes âgées commettent plus de crimes que leurs contemporains, mais l’âge ne permet pas d’alléger les peines !

L’Art de l’iaido présenté par Nick Johnston

Durant la conférence, nous avons assisté à une démonstration d’art martial, à commencer par l’iaido, présenté par Nick Johnston. Cet art martial requiert autant de capacités physiques que morales. Il faut un état d’esprit extrêmement rigoureux qui fait appel a beaucoup de constance dans les choix et la manière de vivre au quotidien : on entre différemment dans une pièce, on s’assoit d’une autre manière, même la façon dont on prend le bus change ! Cet art martial n’a pas de grades apparents, il n’y a pas de signes extérieurs. Mais, fait intéressant, dans les dojos, les plus jeunes pratiquants s’asseyent au plus prés de la porte, les anciens, eux, sont au fond de la salle. De cette façon, si le dojo est attaqué, les plus jeunes fatiguent les assaillants avant qu’ils n’affrontent les plus expérimentés.

Les femmes réalisatrices au Japon racontées par Jennifer O’Meara

Naomi Kawase à la Mostra de Venise

Naomi Kawase à la Mostra de Venise © Naomi Kawase_OK

Le Japon souffre d’une tendance discriminatoire : la sous-représentation des femmes dans l’industrie du cinéma. On observe cependant que le nombre d’étudiantes japonaises s’inscrivant dans les universités d’audiovisuel augmente, ce qui est de bon augure pour l’avenir. Le cinéma d’animation est le segment le plus machiste selon la docteur Jennifer O’Meara. La première femme ayant travaillé dans l’industrie du cinéma japonaise fut Reiko Okuyama, qui occupa une place importante dans le cinéma d’animation d’après la deuxième guerre mondiale. Parmi les réalisatrices actuelles nous pouvons citer Naomi Kawase, jury au festival de Cannes 2013, présidente du jury des courts-métrages au festival de Cannes 2016 et en compétition en 2014 pour la palme d’or. Il y a également Yang Yong-Hi, réalisatrice de trois films entre 2005 et aujourd’hui. Bien que les créations des réalisatrices japonaises trouvent d’excellents échos en Occident, elles sont souvent mal reçues au Japon…

 

Ainsi se concluent nos articles à propos du Printemps du Japon à Dublin. L’année prochaine sera également une année importante, puisqu’il s’agira des 60 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre le Japon et l’Irlande. Un événement encore plus impressionnants aura lieu, les services de l’ambassade japonaise l’ont promis !

Written by Bastien Cueff