Part Company est l’un de ces groupes français émergents, discrets mais pas trop. Si vous n’en avez pas encore entendu parler, ça ne devrait pas tarder. Entre interviews, passages en radios et dates en live qui se multiplient, Part Company attire un public éclectique avec sa musique rock indé donnant envie d’apéros au bord de l’eau, de grosses teufs entre potes et de promenades « rock-mantiques » en amoureux. J’ai eu la chance d’interviewer ce duo on ne peut plus complémentaire. 

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Demain, mercredi, 19h. Le rendez-vous est booké dans une brasserie près de la Maison de la Radio pour une petite interview de Part Company, entre les balances et leur live dans une émission de France Inter. Je me pointe donc, et rencontre deux hommes, d’apparence un peu timide. Je leur ai posé quelques questions, afin d’en savoir un peu plus sur Part Company, leur musique et leur 1er album Seasons sorti début mars…

La revue Y : Vous vous êtes rencontrés au collège : êtes-vous devenus potes grâce à la musique ? 

Damien : Oui… et un peu au vin blanc, aussi !

 

Y : Il s’est passé du temps entre vos deux premiers EPs, sortis respectivement en 2011 et 2016. C’était un délai voulu, nécessaire ou bien contraint ?

Damien : Ce n’était pas voulu, mais nécessaire pour certaines choses oui. Après ça aurait pu être plus court, en fonction de certains aléas qu’il y a eu.

Yoël : On a eu quelques contraintes techniques, liées à notre l’éloignement géographique. En gros, l’album sorti récemment avait été terminé fin 2015, enregistré, mixé, etc., mais on a préféré faire marche arrière et tout recommencer.  On n’était pas contents du résultat, puis on a rencontré Luke Smith à Londres (mixeur et producteur de The Foals, Petite Noire, Depeche Mode, etc.). Il voulait travailler avec nous donc on était super heureux !

Damien : À ce moment-là, on n’est pas reparti de zéro car on avait déjà beaucoup de choses, mais il y avait encore pas mal de mixes à faire. Et puis on n’attache pas tellement d’importance au temps, on fait d’autres choses à côté…

Yoël : C’est vrai qu’on a pris du temps, ce qui était nécessaire mais aussi circonstancié. Aujourd’hui on habite plus près l’un de l’autre. C’est un gros avantage, c’est quand même mieux pour partir faire un festival, et c’est aussi plus simple pour notre tourneur Junzi Arts.

 

Y : Votre musique d’aujourd’hui est-elle la même qu’en 2011 ?

Damien : Non, je pense que ça a beaucoup évolué. On n’aime pas trop faire deux fois la même chose, donc notre musique est en constante évolution. S’il y a un deuxième album dans 10 ans, il sera totalement différent ! (rires) Il y a des titres dans l’album qui datent de 2006 – 2008, d’autres de 2003…

Yoël : Et puis au fil du temps l’inspiration change, en fonction des mois et des saisons, par exemple.

 

Y : Justement, votre album est intitulé « Seasons ». Pourquoi ?

Damien : Pour nous, ça représente tout le temps qui est passé à créer l’objet, l’album, cette entité de dix morceaux cohérents, qui se suivent. Chaque morceau est un peu différent en fonction des saisons qui se sont écoulées dans nos vies. Et puis c’est aussi parce qu’on a pas mal bossé à la campagne, dans la maison de Yoël dans l’arrière pays niçois. Avec tout le temps qu’on y a passé l’inspiration est beaucoup venue des montagnes aux alentours, qui ont naturellement changées au fil des saisons. Un peu comme sur nos pochettes quoi !

Yoël : Sur Waltzin’ il y a d’ailleurs des sons d’oiseaux qui ont été enregistrés là-bas, sur la terrasse, juste avec le pied de micro…

Y : Chaque titre de l’album est bien différent. Y-en-a t’il un qui pourrait représenter l’intégralité de l’album ?

Damien : Je dirai Vartan, mais c’est vrai que ce n’est pas ce qui ressort dans les préférences des gens en général. Pour moi, c’est ce titre qui me paraît le plus intéressant, le plus représentatif de notre travail de ces dernières années. C’est aussi la chanson la plus aboutie dans les idées. 

Yoël : Il y a Manfred qui est pas mal aussi, c’est un titre qu’on a fait à deux et qui est assez cool.

Y : Beaucoup disent que vous êtes un savant mélange d’ancien, de nouveau, mais aussi de plusieurs genres. Qu’en pensez-vous ? 

Damien : Ça rentre dans le rock indé. Après il y a une vraie différence entre tout le processus et le travail qui est sorti. Par exemple à la base on avait fait beaucoup de batterie électronique, mais finalement on a tout fait rejouer par un batteur, du coup c’est très différent, ça donne peut-être un côté un peu plus passéiste… 

Yoël : On a été influencés par plein de vieux vinyles, c’est certain. Après c’est un peu dur pour nous de nous définir, car sur chaque morceau on essaie d’être un peu différent, pour surprendre, nous surprendre nous-mêmes et ne pas se lasser. Après, chaque morceau fait sûrement référence à des choses que l’on a écoutées, mais comme souvent quand t’essaies d’imiter quelque chose que t’adores, tu le fais mal… et ça devient quelque chose d’autre, ça devient ton style. Mais oui, on reste dans un genre assez indépendant et rock, même si on va plus vers la pop maintenant, voire l’électro ! Ça ne s’entend pas encore dans l’album, mais on tend davantage vers l’électro, notamment pour certains morceaux en live. 

 

Y : Comment s’est fait le rapprochement avec le label Gum ?

Damien : C’était un peu par hasard. C’est Nicolas Nerrant, un ami de Pierre LeNy (directeur artistique du label) qui nous avait repéré sur internet, à l’époque de MySpace.

Yoël : Ils cherchaient des gens en 2009-2010, ils sont tombés sur nous, on s’est rencontrés et voilà ! Mais c’était au moment où on commençait un peu à nous séparer géographiquement, ça nous a donc permis d’avancer sur les morceaux de manière plus concrète. C’est tombé au bon moment quoi. 

Damien : Du coup on avait déjà à peu près tous les titres du premier EP, on avait tout fait tout seuls à la maison. On a tout fait mixer par Antoine Gaillet et c’est ensuite sorti dans la foulée.

 

Y : À propos des artworks de votre album, ce sont des collages kitschs, mixant paysages, animaux et… vous. Comment-vous êtes vous orientés vers ce type de visuels ?

Yoël : On a rencontré les artistes Mazaccio & Drowilal grâce à Pierre LeNy justement, le directeur artistique du label !

Damien : On avait un peu une idée de ce qu’on voulait : pas de couleurs pastels genre « folkeux », mais quelque chose de plus décalé. Il nous a donc fait rencontrer ces deux artistes, on leur a expliqué un peu le projet, ils nous ont proposé des choses et… voilà !

Yoël : Ils avaient déjà toute une série qu’on aimait bien, sur des animaux qui regardaient des couchers de soleil. On a donc retravaillé ça. L’idée était de ne pas trop se montrer nous, de personnaliser le duo à travers les animaux. 

Damien : Et d’avoir un rendu rigolo, un peu entre Martin Parr et Maurizio Cattelan.

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Y : Quelles sont les grandes dates de 2017 à retenir pour Part Company ? Quels sont vos objectifs et perspectives d’évolution, vos projets futurs ?

Damien : On a pas mal de concerts : le 21 avril au Printemps de Bourges, puis Nice, Bordeaux, Saint-Étienne, Lyon… et d’autres dates encore secrètes ! On va aussi beaucoup bosser avant le Printemps de Bourges lors d’une résidence de 5 jours à Nice, et puis on a prévu de travailler sur le clip d’un prochain single. L’idée est donc de faire vivre l’album, sortir d’autres singles et pourquoi pas des bonus.

Yoël : On travaille aussi sur beaucoup de choses visuelles qui vont venir habiller nos lives.

 

Y : Question Bonus : qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?

Damien : Alors moi en ce moment j’écoute Philip Glass et Max Richter. Ce sont plutôt des choses limpides et calmes en ce moment ! 

Yoël : Drake, mais pas que ! John Cale aussi, « Fear », c’est d’ailleurs Damien qui m’a offert le disque.

 

Les deux acolytes de Part Company seront donc à retrouver en live au Printemps de Bourges, puis dans plusieurs villes de France. Pour écouter un peu plus leur album – chose que je recommande fortement – rendez-vous sur votre plateforme de streaming préférée (ici, ici ou par exemple) ou chez votre disquaire ! Il paraîtrait même que Seasons existe en un sublime vinyle !

Written by Paola Vavasseur

Rédac Chef, amoureuse (de culture, communication et voyages) et passionnée (par les choses innovantes, intelligentes & rigolotes) !