Pour le premier « appel aux créatifs » de la revue, Y ouvre ses pages à Kathy Junior Morin et Clémence Thibault. Dans la revue n°4, ces deux photographes exposent quelques-unes de leurs oeuvres, en nous faisant partager leurs expériences, à la fois différentes et nourries d’un enthousiasme commun indéniable.

Kathy Junior Morin

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Autoportrait à 23 ans, 2012.

Je me suis orientée du côté des pionniers de la photographie comme Hippolyte Bayard qui démontent le principe de l’illusion photographique. La photographie comme engagement, porteuse de messages. Masquer plus que révéler.

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Les Petites, 2012.

Je me suis orientée du côté du travestissement dans la filiation de Cindy Sherman. La mise en scène photographique me permet d’explorer la notion d’identité. Je travaille sur l’idée que les amies de ma génération aient pu devenir autres, comme j’aurais pu devenir elles. Je décide d’interpréter à travers leurs photos d’identité d’enfance leur devenir autre. Je souhaite abuser le spectateur sur l’identité de ces personnages. Cette série consiste en un répertoire d’identités. Douze identités, douze rôles que je me charge d’incarner rien qu’en changeant de tenue et de coiffure afin d’interpréter l’hypothétique devenir de ces petites filles. Je suis très attachée à l’idée que je pourrais être chacune de ces petites filles sur les photographies car ce que nous y voyons, ce sont surtout des souvenirs. C’est cette idée que Christian Boltanski énonce lorsqu’il écrit « les premiers souvenirs sont presque toujours inventés – la plupart de mes souvenirs d’enfance sont des souvenirs qu’on m’a racontés. »

Clémence Thibault

Perspective. (Lumix FZ 38) © Clémence Thibault.

Perspective. (Lumix FZ 38) © Clémence Thibault.

J’ai commencé la photographie vers 15 ans et ai réellement pris conscience du bonheur que cela me procurait vers 16 ans, en participant à un projet avec l’association Pour l’instant et la ville de Niort. Nous avions, moi et 6 autres jeunes, carte blanche pour montrer notre regard sur la ville, sur la façon dont on vit à Niort, à 16 ans. J’ai pu exposer mon tout premier travail et par la suite, rester en contact avec cette association. Tous les ans, celle-ci organise des rencontres de la jeunesse photographique internationale et accueille des artistes du monde entier pour travailler à Niort en résidence et exposer leur travail. C’est comme ça qu’à 16 ans, je me suis retrouvée à serrer la main d’Arno Rafael Minkkinen sans même savoir que c’était un génie. J’ai également eu la chance de poser pour la photographe Rachel Louise Brown (qui a travaillé pour Vogue, entre autres), invitée par l’association. Petit à petit, j’ai donc continué à faire de la photo et à m’intéresser de près à cet art. J’ai commencé à utiliser différents appareils et suis tombée amoureuse de l’argentique. Mes premiers développements labo ne sont que très récents puisque les photos Lost in the Jungle et Perspective (bis) en font partie. J’ai fait l’acquisition d’un Lubitel suite à un voyage à Amsterdam, me prenant de passion pour le format carré et cet aspect granuleux, authentique. Je passe alors parfois du Réflex au Lubitel, du Bridge au sténopé et j’adore ! Le travail en chambre noire est fascinant et je souhaite à quiconque s’intéresse un peu à la photo d’expérimenter cela. À maintenant 19 ans, si je devais caractériser mes photos, je dirais que je suis particulièrement sensible à cet espèce d’ordre naturel, de composition parfaite des paysages, d’où ma passion pour la symétrie, les lignes, la disposition minutieuse de chaque élément, qui créent une composition agréable et touchante. Je suis aussi fascinée par la lumière et les différentes ambiances et atmosphères que peut dégager un même endroit à certains moments de la journée. On peut donc dire que toutes mes photos sont de l’instant photographique, du ressenti, de la beauté, de l’imprévisible, du détail.

Ci-dessous, les photos de Clémence Thibault.

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Written by larevuey