Cet article est extrait du n°7 de la revue Y, téléchargeable ici.

Retour sur un des objets du quotidien devenu indispensable à la génération Y qui l’a vu grandir et évoluer…
Nous avons tous une histoire avec un mobile en particulier : le premier. Il a symbolisé notre prise d’indépendance, avant de finir oublié dans un tiroir, remplacé par un nouvel appareil doté d’un… écran couleur.

Photographie : Adam Russell.

Photographie : Adam Russell.

Histoire
Le téléphone portable fête cette année ses 40 ans ! En 1973, Martin Cooper, ingénieur chez Motorola, passe un coup de fil à Manhattan avec le premier téléphone portable. Ou plutôt « transportable » : le prototype en question ne pesait pas moins de 1 kg !
Ce téléphone prête maintenant à sourire, mais c’était une véritable révolution technologique et économique qui se mettait en marche. Pendant plus de 15 ans, le fabricant américain développa le concept en y injectant des sommes colossales (plus de 100 millions de dollars). C’est dire s’il croyait en l’avenir de la téléphonie mobile et de ce futur marché à naître !


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Pages from y_octobre_novembre_2013

Démocratisation

Il a fallu attendre le début des années 90 pour que le téléphone mobile soit assez petit et bon marché pour intéresser le grand public. Mais à partir de ce moment, le portable a rencontré un véritable succès à l’échelle mondiale jusqu’à devenir le moyen de communication le plus utilisé de nos jours.

Le marché des constructeurs mobiles
Du fait de sa place dans notre société, le marché du mobile est en perpétuelle croissance et très concurrentiel. Les constructeurs cherchent à se démarquer en permanence de leurs rivaux en mettant en avant la qualité, l’utilité, la nouveauté, la technologie, l’ingéniosité, la taille ou encore le design de leurs produits.
La dernière étude Gartner sur les ventes de téléphones mobiles au second trimestre 2013 confirme la suprématie de Samsung dans le monde des téléphones portables au sens large. En seulement trois mois, le fabricant coréen a distribué 107 millions d’appareils dans le monde, qu’il s’agisse de smartphones ou d’appareils portables classiques. Samsung possède 24,7 % de parts du marché. Nokia, en deuxième position avec 14 % de parts, semble retrouver un second souffle, notamment grâce à la gamme Lumia. Apple retombe à la 3ème place avec 7,3 % de parts, mais il faut rappeler que le constructeur ne dévoile qu’un seul modèle haut de gamme par an, ce qui explique pourquoi l’iPhone semble dépassé par l’armada déployée par Samsung, qui noie le marché avec de nombreux modèles. Ce dernier a en effet vendu plus de smartphones que de mobiles classiques : 71 millions (avec la gamme Galaxy) contre 36 millions. Gartner souligne justement que pour la première fois depuis le lancement de l’iPhone en 2007, le marché a basculé : « Les smartphones représentent désormais 51,8 % des ventes de téléphones mobiles. C’est une première ! ».
Nous pouvons dès lors constater que nous devons la grande majorité des appareils à Motorola et Nokia, deux géants qui sont maintenant tombés : en 2011, Motorola se scinde en deux pour pallier de nombreuses pertes économiques, et devenir ainsi Motorola Solutions et Motorola Mobility. En août de la même année, Google acquiert l’entreprise contre 12,5 milliards de dollars, et détient donc l’intégralité des brevets sur la téléphonie mobile détenus par le groupe. Nokia vient d’être racheté par son partenaire commercial Microsoft pour 3,79 milliards d’euros. Le deuxième fabricant actuel de mobiles valait 185 milliards d’euros en 2000 ! Un cuisant échec pour Nokia qui a raté le virage des smartphones, et un coup de poker pour Microsoft, sa plateforme Windows Phone ne parvenant toujours pas à décoller. Les forces en place n’ont donc plus rien à voir avec celles du passé. Mais avec ce marché en constante ébullition, tout est permis ; chacun essaie donc de tirer son épingle du jeu.

Photographie : UltraSlo1 x.

Photographie : UltraSlo1.

Le marché des opérateurs
Si les constructeurs se livrent une guerre sans merci, les opérateurs font de même, car nous sommes tous obligés de passer par un opérateur pour notre téléphone flambant neuf… Les méthodes employées pour attirer la clientèle sont similaires à celles des constructeurs de mobiles : ils cherchent à se démarquer en proposant des exclusivités comme des forfaits à prix réduit ou des offres « spéciales » au début d’un contrat.
Fin décembre 2012, on comptait en France environ 73,1 millions d’abonnés mobiles actifs dont 11 % chez des MVNO (3), soit un taux de pénétration de la population d’environ 110 %. Certaines personnes ont en effet plusieurs abonnements et ce chiffre inclut aussi les abonnements non téléphoniques (tablettes ou clés 3G par exemple).
La répartition en France métropolitaine était la suivante à la fin du premier trimestre 2013 : si Orange reste toujours en tête des opérateurs avec une part de marché de 37%, Free se développe fortement et vient de franchir le cap des 10%. L’arrivée de Free Mobile, le 10 janvier 2012, a eu des conséquences directes sur ce marché : tout d’abord la baisse du prix des abonnements due au tarif très compétitif qu’applique l’entreprise (elle propose par exemple un forfait bloqué 2h + SMS illimités au prix de 2 €/mois). Par conséquent, un grand nombre d’abonnés des trois autres MNO (4) (SFR, Orange, Bouygues) ont résilié leurs abonnements (134 000 demandes de portabilité vers Free pour Bouygues Télécom un mois après l’arrivée du nouvel opérateur). Selon les économistes, l’arrivée sur le marché de ce nouvel opérateur est une bonne chose, car elle permet d’augmenter, au moins à court terme, le pouvoir d’achat des utilisateurs et de faire enfin jouer la concurrence dans ce secteur.
En contrepartie, l’autorité française des télécoms évalue à près de 10 000 le nombre d’emplois susceptibles d’être supprimés suite à cette arrivée. Comme le groupe Phone House qui a déclaré cesser prochainement son activité.

Futur
Qu’est-ce que l’avenir nous réserve ? Évidemment des portables avec toujours plus de puissance, des processeurs dignes des meilleurs PC, de meilleurs capteurs photo… Mais aussi le NFC (5) qui n’en est pour l’instant qu’à ses balbutiements. Le téléphone portable prendra une place encore plus grande dans notre quotidien puisqu’il permettra d’effectuer des paiements, de prendre les transports, ou de réserver une place de cinéma. Avec des fonctionnalités aussi sensibles que celles-ci, la sécurité devra être exemplaire, et les appareils pourraient être munis de capteurs à reconnaissance biométrique : empreintes digitales, détecteurs de visage ou contrôle de l’iris, et que sais-je encore…
Les prototypes d’écrans souples annoncent aussi des possibilités intéressantes, comme en témoigne ce design futuriste réalisé par Nokia (voir ci-dessous).

Guillaume Pesta.

(1) Assistant personnel avec agenda, carnet de contact, bloc-note, etc.
(2) Wireless Application Protocol : c’est un protocole de communication qui permet d’accéder à Internet en version allégée à partir d’un appareil de transmission sans fil, comme un téléphone portable ou un assistant personnel.
(3) Opérateur de réseau mobile virtuel.
(4) Opérateur de réseau mobile.
(5) Communication en champ proche : technologie de communication sans fil à courte portée et haute fréquence, permettant l’échange d’informations entre des périphériques jusqu’à une distance d’environ 10 cm.

Written by larevuey