Dans le dernier numéro d’Y, Emma Derome et Dimitry Dugeny se sont intéressés au veganisme (article téléchargeable ici). A l’occasion de ce reportage, Dimitry s’est rendu au magasin spécialisé Un monde Vegan à Paris (64 rue de Notre Dame de Nazareth / Métro République – Strasbourg-St Denis), pour recueillir des infos auprès de la gérante, Valene.

(c) Vegan falafel plate - Jennifer (SweetOnVeg).

(c) Jennifer (SweetOnVeg).

On trouve de tout !

De la nourriture pour humain et pour animaux (même si ça pose un problème par rapport à la charte du veganisme d’avoir un animal de compagnie), des vêtements (oui, des vegetarian shoes ! Sans colle de poisson, sans cuir de bœuf !), des produits d’entretien qui ne sont pas testés sur nos amis les bêtes et 100% écologiques, des produits de beauté non testés sur animaux et sans composant animal et même… des préservatifs (au coca, à la myrtille, à la fraise ou encore à la mûre) !

Valene, 25 ans, vegan depuis quelques années et qui a eu de multiples vies (omnivore, végétarienne, esthéticienne, bénévole dans une association de défense des animaux, ouvrière dans une usine de maroquinerie…) m’a fait visiter la petite boutique, où, comme je le disais, on trouve de tout.

On commence par les simili-carne c’est-à-dire : les saucisses aux protéines de blé et à la farine de caroube (issus de l’agriculture biologique), elles sont même épicées aux poivrons et aux oignons ; on trouve également des steaks et des burgers vegans aux protéines de soja ou de blé ; des escalopes, bref le tout sans viande animale.

Selon Valene, « au niveau de l’aspect et de la texture, cela ressemble beaucoup à la viande classique, mais au goût ça dépend : parfois il y a des simili-carne qui sont fumés, parfois non. Cela dépend de ce que recherche le consommateur. En général, les gens qui sont en transition vers le végétarisme ou le veganisme et qui ont du mal au début à se passer de viande aiment bien ces produits au goût fumé. » On trouve aussi toute une gamme de plats cuisinés (chili-sin-carne ; kebab aux protéines de blé, pizzas et toutes sortes de tofu déjà prêts parce que ce n’est pas évident de cuisiner le tofu quand on débute [j’ai essayé et c’est vrai !]).

On trouve aussi le simili-poisson qui fonctionne sur le même principe que le simili-carne : assurer une transition en douceur. Saumon fumé à la protéine de soja et à la poudre d’oignon, bâtonnets de poisson à la farine de froment, crevette géante à la poudre d’igname. Y a du choix.

Le magasin propose également toutes sortes d’algues très riches en minéraux. De la mayonnaise sans œufs, des farines aussi pour ne pas recourir aux œufs pour les gâteaux (à ce titre d’ailleurs vous pouvez TOUS déjà remplacer les œufs dans les crêpes par de la banane écrasée : ½ banane écrasée = 1 œuf). Les fromages aussi sont 100% végétaux (on parle ici de simili-fromage), à base de soja fermenté et de levure de bière ou de levure de pomme de terre. On trouve également un grand nombre de variétés de riz, de lentilles et de légumineux en général.

On n’oublie pas les petits plaisirs avec le chocolat au lait sans lait, les barres de céréales, la pâte à tartiner sans huile de palme et sans lait, les bonbons sans graisse de porc et les laits de sojas ou de riz. On n’oubliera pas non plus les supers aliments comme les baies de Goji riches en vitamines, en minéraux et en oligo-éléments et antioxydants.

Et les prix ? Pas plus cher qu’ailleurs, les fromages valent entre 2 et 4 euros, de même pour le simili-carne. Les consommateurs ne mangeant pas de viande (qui coûte cher !) ils peuvent réaffecter leur budget sur des produits sains.

Les consommateurs n’ont-ils pas des carences ? Si, mais comme les omnivores. En effet, l’agriculture intensive et la dégradation des sols a entraîné une raréfaction de la vitamine B12 nécessaire à l’Homme. Du coup, les animaux n’en trouvent plus dans leurs aliments, ils sont donc médicamentés pour compenser. Les « sans viande » recourent aux compléments alimentaires de manière directe.

Quels consommateurs ?

Il y a plusieurs types de consommateurs de ces produits :

  • Les consommateurs qui viennent par éthique animale, estimant qu’on ne doit pas faire souffrir nos amis les bêtes pour se nourrir, pour se vêtir ou encore pour se maquiller. Les magasins vegans comme celui que nous avons visité répondent à cette attente.
  • D’autres souhaitent faire attention à leur santé car l’homme n’est pas physiologiquement supposé manger autant de viande et encore moins de lait, qui nous intoxiquent chaque jour. Pour certains consommateurs, l’augmentation des cancers et l’agriculture intensive sont liés : les animaux que l’on mange sont souvent pleins de médicaments, de toxines, tandis que les légumes fourmillent de pesticides, parfois même modifiés. Selon Valene, ce nouvel hygiénisme alimentaire est très répandu dans des pays comme l’Allemagne ou le Canada et commence à émerger à France. Mais l’industrie agro-alimentaire ferait un intense lobbying pour rappeler à tout le monde à quel point la viande française est bonne et à quel point « les produits laitiers sont nos amis pour la vie » (erreur !).
  • Certains le font également par conviction politique : il faut changer nos modes de consommation, qui sont non seulement dangereux pour la santé, mais également dangereux pour la planète. La production intensive de viande nécessite en effet de produire de manière toute aussi intensive des céréales (qui pourraient servir à nourrir les hommes), abîmant les sols en les rendant infertiles, et obligeant les producteurs à recourir aux engrais. La production de viande est également très coûteuse en eau et entraîne souvent une dégradation des nappes phréatiques, tout en étant à l’origine de l’émission de gaz à effets de serre et d’une partie de la déforestation (ça fait beaucoup quand même).
  • Moins engagés, on trouve également des consommateurs intolérants au gluten ou au lactose qui trouvent dans ces magasins de quoi se nourrir sans risquer de s’intoxiquer.

Dimitry Dugeny.

Written by LA REVUE Y