Cet article est extrait du n°10 de la revue Y, téléchargeable ici.

« Vegan Boutique » à Londres. Photographie : © George Rex.

« Vegan Boutique » à Londres.
Photographie : © George Rex.

L’engagement sanitaire, écologique, éthique et la conscience de la cause animale se traduisent également dans les assiettes lorsque que l’on décide d’adopter le régime vegan, dans lequel aucun produit animal n’est présent. Mais ce n’est pas tout.

Etre vegan, c’est un véritable changement dans son mode de vie.

De quoi parle-t-on ?

Etre végétarien, c’est ne manger aucun animal (que ce soit viande, poisson ou fruits de mer), bien qu’aujourd’hui on appelle végétariens ceux qui ont seulement proscrit la viande de leur alimentation.

Etre végétalien, c’est non seulement ne manger aucun animal mais aussi ne pas toucher à ce qu’ils produisent (ni miel, ni œufs, ni lait par exemple).

Etre vegan, c’est cette fois prohiber tout produit d’origine animale se trouvant dans la nourriture, ainsi que dans les cosmétiques ou les vêtements, voire même dans les loisirs. Le site veganisme.fr explique que le mode de vie vegan est un idéal de vie, qui consiste à exclure de sa consommation tout produit ou dérivé issu de la souffrance animale.

Chacun d’entre vous a forcément déjà été confronté à l’une de ces manières de vivre, de près ou de loin : un de vos amis est végétarien, votre actrice préférée est vegan, ou vous êtes déjà tombé sur une recette végétalienne sur Internet. De la conscience écologique, et de la remise en question des fondements « carnistes » de notre société au véritable engouement autour d’une nouvelle manière de penser la nourriture : le veganisme est plus que jamais à l’ordre du jour. Mais d’où vient cette tendance engagée et quels en sont les enjeux ?

Aujourd’hui la restauration vegan se développe énormément et est devenue un vrai marché. On ne compte plus les Tumblr et autres blogs de cuisine vegan nous rappelant que l’image de l’assiette végétale triste et tout sauf gourmande est dépassée. Le Paris Vegan Day, qui a eu lieu le 12 octobre dernier sous le slogan « Cook for life ! » en est la preuve : l’événement a rassemblé les chefs les plus reconnus de la cuisine biologique pour dispenser des cours toute la journée.

Plus qu’une question d’alimentation, le veganisme élargit la problématique aux objets du quotidien, en proposant d’utiliser des cosmétiques non testés sur les animaux, ou de réfléchir sur les loisirs participant à l’aliénation de l’animal (zoo, marineland, cirque, etc.). Alors, loin de considérer simplement ce mouvement comme un phénomène « à la mode », la sensibilité au veganisme peut plutôt être vue comme une tendance du fait du nombre d’adeptes toujours croissant (par exemple, la consommation de viande a chuté de 15% en France entre 2003 à 2010).

Cela peut également se comprendre par la généralisation d’une certaine conscience écologique, que l’on a pu remarquer récemment avec la pétition sur le chalutage en eaux profondes qui a fait un carton sur le web. Ainsi, certains vegans le sont devenus par conviction politique, avec l’idée qu’il faut changer notre mode de consommation du tout au tout, non seulement pour nous mais aussi pour la planète.

Un délicieux chow mein vegan. Photographie : © SweetOnVeg.

Un délicieux chow mein vegan.
Photographie : © SweetOnVeg.

Valène, 25 ans, vegan depuis quelques années et gérante du magasin « Un monde vegan » à Paris (découvrez notre interview ici), nous rappelle que les premières causes d’émission de gaz à effet de serre sont l’élevage et l’agriculture intensive (des émissions s’élevant de 18%, c’est plus que les transports), cette dernière rendant les sols infertiles et obligeant le recours aux engrais. Une agriculture qui consomme aussi beaucoup d’eau et vide les nappes phréatiques, entre autres dégâts écologiques.

Ensuite, on peut reconnaître que les précédentes crises alimentaires et les révélations récentes sur la composition de la malbouffe ont fait l’effet d’un choc, et ont leur part de responsabilité dans l’éveil des consciences des consommateurs.

Cet autre argument que mettent en avant les vegans est tout simplement sanitaire : aujourd’hui, les produits d’origine animale ne sont plus contrôlés par des normes suffisantes et ne sont plus considérés comme sains.

A l’inverse, l’alimentation vegan, riche en fibres et pauvre en graisses saturées, aide à prévenir les problèmes de santé comme l’hypertension, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

De plus, comme le rappelle Paige, 18 ans, Canadienne et vegan depuis 4 ans (interview complète ici), être vegan signifie aussi faire beaucoup plus attention à ce que l’on mange, et donc à se tenir informé et ne pas se nourrir aveuglément.

Valène ajoute que le corps humain n’est normalement pas fait pour manger de la viande, et encore moins du lait, mais les lobbies des industries agroalimentaires font pression pour limiter la diffusion du veganisme en mettant en valeur les produits « fermiers » par le recours aux « valeurs traditionnelles », au « terroir », etc.

Ceci est d’ailleurs un problème national en Finlande, où les producteurs de lait sont très présents, ainsi qu’en Norvège, où les revenus générés par la production de saumon (pollué au diflubenzuron) sont indispensables à l’économie. Ce nouvel hygiénisme alimentaire tend à faire surface précisément dans ces pays où l’agriculture intensive pousse à nourrir le bétail aux médicaments et à arroser les légumes de pesticides – au Canada, aux Etats-Unis, en Allemagne ou en France.

Enfin, sur le plan éthique, la question de la cruauté envers les animaux est en jeu : Mélanie Joy, professeure de psychologie sociale à l’Université du Massachussetts a théorisé, dans son livre Why We Love Dogs, Eat Pigs and Wear Cows (paru en 2009), la psychologie carniste (comprendre « le fait de manger des animaux ») comme un conditionnement mental et social à l’instar des « idéologies d’exploitation violentes » que sont le sexisme et le racisme.

Pas gourmande, la cuisine vegan ? Ce vegan cake nous dit le contraire. Photographie : © Andrew Hitchcock.

Pas gourmande, la cuisine vegan ? Ce vegan cake nous dit le contraire. Photographie : © Andrew Hitchcock.

Elle rappelle qu’il nous est difficile d’arrêter de manger des substances animales en raison de notre conditionnement et de nos traditions culturelles, qui sont pourtant très relatives et subjectives : pourquoi est-ce pour nous un scandale de consommer du chien alors que pour les hindous convaincus c’est la consommation de bœuf qui est impossible ?

En revanche, on pourrait se demander si la proscription absolue de protéine animale aurait une quelconque incidence positive sur notre monde. Après tout cette manière extrême de revendiquer son indignation pourrait à grande échelle avoir des conséquences néfastes, notamment sur l’économie. Ne faudrait-il pas plutôt privilégier une façon plus nuancée de manifester son désaccord, de combattre ce système de manière diplomatique et de s’engager pour une économie qui tendrait davantage vers une agriculture respectueuse et biologique ?

L’avenir nous dira comment cette tendance, révélatrice d’une société en pleine mutation, évoluera : elle est en tout cas aujourd’hui, pour les plus engagés, un moyen de militer… avec leur fourchette !

La pétition contre le chalutage profond :

http://petition.bloomassociation.org/

Les vidéos de Vegan Society, des témoignages expliquant les raisons de choisir le régime vegan suivant son propre mode de vie  :

http://www.youtube.com/view_play_list?p=932A35B5E6B8965A

« Making the connection »

De superbes recettes vegan sur

http://www.theppk.com/ ou encore :

http://hipsterfood.tumblr.com/

http://vegemiam.fr/

http://www.veganwiz.fr/

http://liliskitchen.com/

Le défi : le jeudi veggie !

http://un-jour-vegetarien.fr/

Des cosmétiques non testés sur les animaux :

https://www.vegan-mania.com/fr/

Emma Derome.

Written by Emma Derome

Digital native et littéraire, cherche actuellement un avenir sur Tumblr (dans le domaine des photos de chats)