Cet article est extrait du n°10 de la revue Y, téléchargeable ici.

Mark Zuckerberg. (c) Andrew Feinberg

Mark Zuckerberg. (c) Andrew Feinberg

Mark Zuckerberg a 4 ans et environ 30 milliards de dollars de plus que moi. La seule personne sur Terre qui a réussi à le faire troquer son sweat à capuche contre un costume n’est pas sa mère, mais le Président des Etats-Unis, Barack Obama. En Egypte, un couple a appelé son enfant Facebook. Le chat Oscar et le lama Serge sont les animaux les plus célèbres de France.

Il s’appelle Mark et il a plein d’amis. Plus d’un milliard.

C’est l’histoire d’un geek…

On sait finalement si peu de choses sur le fondateur de « the » social network, que la plupart d’entre nous connaissent déjà les grandes lignes de son parcours. Mark Zuckerberg aurait pu être un jeune homme comme les autres (qui ne soit pas le roi du pétrole, donc) s’il n’avait pas eu un intérêt particulier pour – dans l’ordre – l’informatique, les nanas de l’université d’Harvard et la domination du monde. Il a 12 ans lorsqu’il créé son premier système de messagerie, quelques années de plus lorsqu’il refuse l’offre alléchante de Microsoft et AOL, qui tentent de le recruter et de racheter son « Synapse Media Player », un lecteur de musique intelligent, équivalent du « Genius » d’Apple. C’était sans compter sur la personnalité très (très) ambitieuse du jeune Mark, qui choisit finalement de rejoindre les bancs d’Harvard. Là-bas, il arrive à se faire des amis – et des ennemis – non virtuels, Dustin Moskovitz, Eduardo Saverin, Andrew McCollum et Chris Hughes, à pirater le système informatique de la prestigieuse université, voler les photos des spécimens les plus canons de la fac, et poster le tout sur Internet sous le nom de « Facemash », variante d’un jeu de cours de récré (« Qui est la plus belle de la classe ? »), puis Thefacebook. Et là vous vous dites : « tiens tiens, ce nom me dit quelque chose ». Nous sommes en 2004, le monde va changer.

Quelques procès plus tard, Mark Zuckerberg est considéré officiellement comme fondateur et PDG de Facebook, ce réseau social tout de bleu vêtu (parce que « Zuck » est daltonien figurez-vous) qui a bouleversé les codes culturels de notre société et est devenu incontournable pour une certaine génération…

(c) Maurice Svay

(c) Maurice Svay

Si toi aussi tu « like » Facebook

Pour les plus vieux d’entre nous (25 à 30 ans), Facebook était un cap à passer après MSN Messenger et Myspace. Et Skyblog. Bref, une nouvelle étape dans l’exposition de notre vie privée à de parfaits inconnus. Il fallait « ajouter » ou « ignorer ». On a ajouté…

Comme s’il s’agissait d’un fait historique, je suis sûre que vous savez tous comment, en premier lieu, il y a environ 10 ans, vous avez atterri sur cette page, rentré votre adresse mail et votre mot de passe, et roule ma poule, en espérant que le réseau resterait vraiment gratuit. A titre personnel, je me suis demandé quel était l’intérêt d’un tel site (c’est mot pour mot mon premier statut, daté de 2006), j’ai ajouté mes cinq premiers amis, ceux qui m’avaient forcée persuadée de me connecter, au risque de tuer ma IRL (« In Real Life ») dans l’œuf.

Pour les plus jeunes (15 à 20 ans), Facebook s’est imposé comme les Converse, les iPod et les mèches devant le visage. Comme Steve Jobs avant lui, Zuckerbeg a réussi à rendre indispensable quelque chose, qui, a priori, n’est pas essentiel à notre survie (pour ça, il y a Man vs. Wild).

Facebook, c’est pourtant une révolution : celle de permettre à des personnes de se retrouver, de garder le contact quand des continents les séparent, de partager de l’information, d’accéder à des contenus culturels (comme, au hasard, lire une revue en ligne dont le titre est une lettre de l’alphabet… je dis ça, je dis rien), parfois même de trouver un travail et l’amour (pas forcément en même temps). Et surtout, de suivre les péripéties de Gégé, qui s’est fait bêtement neknominé par Barney du 9-3, de Fleur La Princesse qui change de statut amoureux toutes les deux heures (« Fleur est en couple », « Fleur est dans une relation compliquée », « Fleur est célibataire », « Fleur a acheté un poster grandeur nature de Channing Tatum »), de Valentain, pour qui l’ortograf est un concept, ou encore de Jen, qui apparaît en maillot de bain partout dans le monde, même sur la place Rouge (sûrement un pari).

C’est aussi le symptôme d’une société voyeuse, où tout ce qui est posté pourra être retenu contre vous. Et c’est là « the » social problem. Elémentaire, mon cher Mark.

Et dans 10 ans ?

Face à ça, un certain nombre d’utilisateurs (la génération « 4.0 ») se tournent vers de nouveaux réseaux, censés mieux protéger leur vie privée et surtout, être davantage mobiles, tels que Vine, Pheed et Line, qui optent pour une configuration spéciale « smartphones », ou encore Snapchat, où les utilisateurs programment l’autodestruction des photos envoyées. Sans oublier la mort programmée de Facebook, annoncée par des chercheurs de Princeton…

De quoi faire trembler Mark Zuckerberg ? Même pas ! Celui qui a décidé de conquérir le monde sait y faire : fin février 2014, le leader des réseaux sociaux a décidé de racheter l’un des « petits nouveaux », Whatsapp, une messagerie pour mobile qui évite de devoir payer des SMS. Et lorsqu’il ne rachète pas des sociétés, il verse une grande partie de sa fortune à des œuvres de charité – philanthropie à la Bill Gates. Ses échecs (l’entrée en Bourse de Facebook, la dégradation de son image avec le film oscarisé « The Social Network », la concurrence…), loin de faire couler le navire, sont indissociables d’une personnalité parmi les plus influentes de la planète…

Mark fêtera ses 30 ans le 14 mai.

Bonus : Une vidéo très instructive à propos des réseaux sociaux sur lesquels il faudra désormais compter : http://vimeo.com/80292977

 

Claire Faugeroux.

Written by Claire Faugeroux

"Y" dans l'âme, fermement décidée à prouver que sa génération a construit sa propre culture, nez collé aux écrans... ou pas !