Cet article est extrait du n°12 de la revue Y, téléchargeable ici.

Après avoir passé un an à Ottawa pour un échange universitaire, je suis tombée amoureuse du Canada. Alors, quand la fin de ma licence s’est profilée, sans que j’aie une idée fixe du domaine vers lequel je voulais m’orienter, j’ai rapidement pensé à faire une année de césure, pour essayer de trouver une voie qui m’intéresserait et pour faire autre chose que lire pour le travail – et pas pour le plaisir – ou écrire des dissertations sans fin.

Montréal vue depuis le Mont Royal

Après quelques hésitations, j’ai choisi le Canada, Montréal plus précisément, pour des raisons plus sentimentales que pratiques. Mais cette ville est finalement une destination idéale pour ce genre d’expérience : elle est ouverte aux jeunes et pleine d’opportunités. Ce n’est pas un secret, je n’étais pas la seule à vouloir profiter du programme « vacances-travail » offert aux jeunes Français pour un an. Le nom est assez révélateur : c’est un permis de travail valable un an, qui permet d’exercer un métier dans un pays étranger pour financer son séjour. Alléchant non ? C’est également ce que pensent 40 000 autres français, pour 6 000 permis disponibles par an.

Mais le jeu en vaut la chandelle, et une fois le permis en poche on peut s’envoler pour vivre le rêve montréalais (ou le rêve de toute autre ville canadienne). Montréal est une immense jungle urbaine, où chacun peut trouver son paradis. Vous avez Chinatown (comme à New York), le quartier gay, le Vieux-Port (repaire des touristes), le Plateau (peut être considéré comme le centre-ville), Westmount (quartier huppé), Hochelaga-Maisonneuve (l’équivalent du Plateau pour un budget moindre), Notre Dame de Grâce (ou NDG, équivalent anglophone de Hochelaga), Longueuil (sorte de banlieue dortoir)… Et au sein de ces quartiers, on trouve des communautés aux identités plus ou moins marquées, avec par exemple des blocs punks, des blocs africains, des blocs mafieux [1]…

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La conception des communautés au Canada et en Amérique du Nord est frappante. En France, les politiques cherchent l’assimilation, c’est-à-dire l’intégration des minorités culturelles par l’adoption de la culture du pays d’accueil. Au Canada, j’ai plutôt observé une politique du « laisser-faire culturel » [2]. Serait-il envisageable d’avoir des quartiers comme Chinatown, proclamés et reconnus comme quartiers étrangers en France ? Des quartiers où, dans certaines rues, on pourrait se croire à l’autre bout du monde ? En France, existe bien sûr des quartiers où les immigrants se concentrent, mais ces zones ne sont pas officiellement reconnues et on cherche toujours à les contrôler et à maintenir l’expression de leur culture au minimum. Je crois que la conception canadienne de la communauté culturelle est beaucoup plus saine et humaine. Il est dangereux de penser qu’empêcher un groupe d’exprimer sa culture comme bon lui semble améliorera son intégration dans la société et évitera toute frustration ou ressentiment. Reste la mentalité de la population d’accueil, qu’on peut difficilement contrôler.

Pour revenir à Montréal, voilà quelques remarques en vrac :

  • Les routes sont bien plus larges qu’en Europe (il faut de la place pour tasser les mètres de neige en hiver), ce qui permet aux voitures de dépasser plus largement les vélos et contribue à faire de Montréal une ville bike-friendly. Elle a été classée première ville d’Amérique du Nord et onzième sur le plan international selon le Copenhagenize Index.
  • La vie en général est plus chère qu’en France, surtout pour les produits de qualité et les télécommunications. Oubliez la bouteille de vin à trois euros ou les forfaits à 2 euros de Free. Ici on boit de la (plus ou moins mauvaise) bière et on paye 80 $ pour un portable avec Internet, 80 $ pour Internet (qui n’est souvent pas illimité, ils comptent les GB utilisés !) et encore plus pour avoir la télévision. La télécommunication, c’est tout un budget !
  • Contrairement aux croyances populaires, il n’y a pas de neige en été ! Il peut même faire très chaud et très humide, un climat idéal pour des milliers d’insectes ! Mais l’hiver est particulièrement rude et long, la température moyenne est d’environ -20 degrés. Mais ne laissez pas le climat difficile vous repousser, les Canadiens sont parfaitement équipés pour y faire face, tout fonctionne, même avec deux mètres de neige. Un scénario improbable en France ! On n’est que très peu exposé au froid, il faut simplement s’organiser pour limiter ses passages dehors et bien se couvrir ! L’habillage hivernal est tout un art, sur lequel il faudrait se pencher plus longtemps, mais l’élément principal est la combinaison optimale des couches de vêtements. – Pour avoir quelques notions de québécois, je vous conseille cet article. L’accent des Canadiens francophones peut vous paraître hilarant, mais n’oubliez pas que pour eux c’est nous qui avons un accent !
  • Ne vous fiez pas aux préjugés, mais c’est tout de même vrai que les Canadiens sont particulièrement gentils et accueillants. Je m’attendais à trouver des fonctionnaires ronchons et désagréables et j’ai été surprise de voir que tous ceux à qui j’ai eu affaire jusqu’ici étaient attentionnés et gentils ! Mais ne vous méprenez pas : leurs sourires ne signifient pas forcément que vous êtes leur ami, c’est de la simple politesse.
  • Les jeunes sont encouragés à travailler très tôt, ils ont souvent un petit job à mi-temps dans un supermarché dès quinze ans. Et vu le coût de l’éducation supérieure, ceux qui ne travaillent pas en parallèle de leur bachelor sont généralement vus comme fainéants ou pourris-gâtés.

Montréal est finalement un très bon choix pour un premier séjour d’études ou de travail à l’étranger. La culture de la ville est fascinante et si vaste qu’il ne suffit pas d’une année pour en faire le tour, mais le dépaysement n’est pas total, et il ne faut pas apprendre de nouvelle langue pour s’y retrouver (ou presque !).

[1] Montréal est particulièrement corrompue et d’aucuns vous diront que c’est la Mafia qui domine la ville. Mais, à moins d’avoir un magasin ou un bar/restaurant dans un de leurs districts, vous n’aurez probablement jamais l’occasion de le remarquer.

[2] Bien qu’il y ait aussi des mouvements racistes, anti-islamiques ou nationalistes. C’est le Canada, pas le paradis !

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Written by LA REVUE Y