Le désormais incontournable Pierre-Emmanuel Barré, révélé sur France Inter puis Canal + dans La Nouvelle Édition, asperge toujours les planches parisiennes de son humour corrosif. La Revue Y a eu l’occasion de voir son one man show, « Pierre-Emmanuel Barré est un sale con », et d’en parler avec son créateur. 55 minutes d’humour tout doux (ou pas), ou rien ni personne n’est épargné !

Crédits : Pierre-Emmanuel Barré

Crédits : Christophe Brachet

Barré est à l’aise sur les planches, et on comprend aisément pourquoi il attire ses confrères de France Inter à l’époque où il lance son premier spectacle au Festival d’Avignon, Full Metal Molière (pour rappel, on en avait parlé là) : « Une amie m’a appelé pour me proposer de passer un casting pour France Inter. J’ai écrit ma chronique dans le train, et au final, j’ai eu le job ! ».

Celle-ci le propulse même en 2013 dans la Nouvelle Édition sur Canal +, qu’il allège volontairement durant la saison 2014 malgré son succès : « Je n’avais pas vraiment prévu d’arrêter, je voulais surtout calmer le jeu par rapport à 2013. Ce dont les gens ne se rendent pas forcément compte, c’est qu’une chronique de 3 minutes peut facilement mettre 6 heures à écrire. En format quotidien avec la radio et le théâtre, c’était vraiment devenu pesant, je voyais peu mes amis et ma famille, et je n’avais plus vraiment le temps de m’intéresser à l’actualité comme je voulais. Garder le vendredi sur la nouvelle édition est un très bon compromis ! »... histoire notamment de venir faire rire aux larmes le contenu d’un théâtre…

Crédits : Pierre-Emmanuel Barré

Crédits : Christophe Brachet

Et dès le départ de son one man show, Pierre-Emmanuel annonce la couleur. Le titre du spectacle, « Pierre-Emmanuel Barré est un sale con » a été décidé pour ne pas prendre le spectateur en traître… car « Pierre-Emmanuel chante la vie », ça aurait fait bizarre. S’en suit une (trop) petite heure déchainée, durant laquelle rien ni personne ne ressort totalement indemne. Et on imagine mal quelqu’un se vexer face à ce grand gaillard au sourire impeccable. Car à une époque où beaucoup d’humoristes tapent pour faire rire, Barré, lui, écorche sans retenue afin de révéler les absurdités et les violences invisibles de notre société, à mi-chemin entre le grinçant Gaspard Proust et l’absurdité addictive de Chris Esquerre, qui ne laisse d’ailleurs pas Barré indifférent : « J’adore Chris, on se connait depuis France Inter où l’on bossait ensemble sur ‘On va tous y passer’. Je peux pas rester 10 secondes devant ses chroniques sans être plié de rire. Je pense qu’il restera l’un des seuls humoristes de notre génération dont les sketchs feront encore rire dans 20 ans. Il navigue toujours très bien entre le 1er et le 2ème degré ».

Pour conclure, Barré est peut-être un sale con, mais c’est pas grave… on l’aime quand même !

Written by Benoit Gisbert-Mora