Depuis qu’elle existe l’humanité se mesure à elle-même et à son environnement. Distance, hauteur, longueur, température, vitesse, poids…tout est quantifié, comparé, pour établir des normes, des performances.

Jusqu’à maintenant, cette mission était remplie par des outils anciens qui bénéficiaient de quelques améliorations, dédiées à la précision, ou à une réduction de taille ; mais les temps changent.

L’avènement de la santé connectée

La conjonction de trois avantages place les objets connectés au cœur de cette frénésie de la mesure, et plus particulièrement pour nos paramètres corporels :

La miniaturisation a permis de créer des terminaux de mesures portables, légers, qui ont rendu la personnalisation possible. Ils permettent surtout de réaliser des mesures partout, et en permanence. C’était déjà le cas avec certains podomètres mais ces derniers ne permettaient pas un suivi aussi fin des paramètres corporels, et surtout étaient inesthétiques.

De nombreuses offres témoignent de cette miniaturisation comme dans le domaine des bracelets connectés où Withings, Fitbits, Misfits, Nike ou encore Microsoft proposent des accessoires mesurant distance, nombre de pas, calories brulées, fréquence cardiaque mais aussi cycles du sommeil.

L’offre Fitbit sur leur site

La précision est augmentée par la mesure de toute une batterie de paramètres qui n’était pas possible jusqu’alors. Par exemple, les semelles connectées permettent de déterminer les variations dans les appuis au quotidien, pouvant ainsi indiquer un défaut postural.

On peut imaginer que de très nombreux senseurs de ce type verront le jour afin d’affiner de plus en plus les mouvements et les régimes, dans le sport notamment. Impossible de ne pas penser dans le domaine à Mybiodybalance, dont la version professionnelle permet d’évaluer les besoins d’un sportif en termes d’hydratation, de masse graisseuse et autres en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, là où il aurait fallu auparavant de couteux et chronophages examens sanguins.

Stockage en temps réel et suivi sont une clé majeure du succès des accessoires de santé connectée. Tout l’intérêt est de réaliser un suivi régulier des mesures réalisées sur l’individu. Ce suivi existait parfois déjà, ainsi, certaines personnes doivent mesurer leur tension chaque jour ou leur glycémie plusieurs fois par jour.

Les tensiomètres ne sont pas forcément glamour

Les tensiomètres ne sont pas forcément glamour

Le renouveau vient du couplage des appareils de mesure miniaturisés aux Smartphones. On obtient alors un outil qui peut en permanence stocker, en temps réel, toutes les données et les conserver. Et ce n’est pas uniquement valable pour les wearables.

Utiliser une balance aujourd’hui peut paraître plus high-tech qu’allumer son PC. Les balances connectées donnent désormais l’heure, la météo, le nombre de pas réalisés dans la journée (couplée à une application Smartphone). Votre balance se connecte au Wifi peut même désormais disposer de mises à jour !

Capture

Les balances Withings offrent un panel de fonctionnalités transverses

Tous ces objets tendent vers l’optimisation de l’humain 1.0, nous ne dépassons pas encore notre modeste nature (mais le bio-engineering nous y aidera peut-être bientôt).

La difficile question de l’interprétation

Si l’on veut parler de santé connectée il faut s’interroger quant à l’interprétation des données générées. S’il s’agit de faire une moyenne pour y confronter le score de l’utilisateur, cela est simple, mais mettre en perspective ces résultats pour en tirer un diagnostic, ou des préconisations est plus ardu. Au fond, médecin, c’est un métier.

Cette question est d’autant plus complexe que les données peuvent être moins fiables qu’il n’y parait : bien que le reste du corps reste immobile, un mouvement de bras équivaut bien à un pas, mais un trajet à vélo n’est pas comptabilisé. Cela peut mener à des écarts jusqu’à 20% d’un utilisateur à l’autre, qui auront pourtant exécuté scrupuleusement des tâches identiques.

L’enjeu est donc considérable. IBM a lancé, à partir de l’expertise développée sur leur super-ordinateur Watson, un partenariat simultané avec Apple et de grands acteurs de matériel médical pour développer des services communs autour de l’interprétation des données issues des accessoires de santé connecté.

Le super-oridnateur Watson

Le super-ordinateur Watson

L’épineux problème de confidentialité

Le stockage et l’interprétation des données produites, qui ne sont donc plus l’apanage des professionnels de santé, posent la question de la confidentialité des données.

Là où votre médecin est soumis au secret médical il est difficile d’envisager une sécurité totale des données qui seront à termes très certainement cloudées. En effet, si l’on s’en tient aux estimations d’IBM chaque individu produirait à terme un million de gigabits de données, soit un million de films (en définition standard, on vous le concède).

Un nouveau débat qui s’annonce houleux pour le législateur ?

Written by Julien Da Silva

Geek, bibliovore, touche à tout insatiable, tout est intéressant pourvu que ce soit présenté par des passionnés