À Angoulême, en janvier, se déroule l’incontournable Festival International de la Bande Dessinée (FIBD). En tant que grande aventurière, j’ai décidé de me plonger dans ce vivier artistique dont c’est la 43ème édition en 2016. Et comme je suis totalement novice en matière de bande dessinée, à moi la découverte !

Ouvert à tous, le FIBD permet de (re)découvrir des artistes de l’univers de la bande dessinée, de rendre hommage à d’autres, de propulser de jeunes talents sur le devant de la scène, ainsi que de favoriser l’échange et les rencontres entre initiés et non-initiés. Au programme en 2016, des performances graphiques, des projections, des débats, des conférences, des ateliers adultes et jeunesse, des spectacles, ainsi que des rencontres internationales, et bien évidemment les fameuses remises de Prix. Jour après jour, vous serez embarqués dans mon voyage autour de ce festival, qui change le visage d’Angoulême le temps d’un week-end.


Jour 2 : vendredi 29 janvier 2016

Pour cette deuxième journée, la météo est au beau fixe, ce qui rend la découverte plus agréable. Angoulême commence peu à peu à changer de visage et à ressembler à une grande ville hyperactive durant tout un week-end. La journée est chargée et je cours partout pour accéder au plus d’évènements possibles. Il faut désormais faire la queue pour rentrer, ce qu’on adoooore tous.

Les femmes dans la bande dessinée
Sept conférenciers échangent autour du thème 'Les femmes dans la bande dessinée'

Women in Comics conference ©Lucie DADILLON

Au vu des débats actuels sur l’égalité homme/femme dans le secteur, et après la polémique créée suite au dévoilement de la liste entièrement masculine des nominés pour le Grand Prix du FIBD (voir ici), il semble indispensable d’accorder une discussion sur ce sujet. Et en tant que femme, je me sens concernée par les discriminations sexistes, peu importe le domaine. Je me rends donc à cette table ronde, réservée aux professionnels. Il m’a fallu du temps pour comprendre que les échanges se feront uniquement en anglais, et c’est là que je me félicite d’être partie 5 mois aux Pays-Bas l’an dernier (d’ailleurs on en parle ici si tu veux t’informer sur ce fabuleux pays) pour améliorer mon anglais. Voilà la conférence qui débute, avec 7 professionnels de la bande dessinée, dans l’édition ou la création. Ils se sont tous présentés mais ce monde m’étant totalement étranger, aucun n’a retenu mon attention ou du moins, celle de ma mémoire. S’ensuit un échange très intéressant, avec des passers de micro dignes des plus grands, et un sérieux exemplaire. En même temps, ça se prête au sujet.

Au fur et à mesure des échanges, on apprend que les femmes ont du mal à se faire reconnaître et respecter dans le milieu de la bande dessinée. Pourtant, beaucoup des plus grands créateurs de BD sont des femmes, cependant les évènements demeurent majoritairement à dominante masculine. Dès les années 70, la BD s’est ouverte au grand public et les femmes ont senti qu’elles pouvaient faire partie intégrante d’un milieu très masculin jusqu’alors. Mais aujourd’hui, la masculinité persiste, même si Internet marque un tournant dans l’histoire de la BD, en permettant notamment aux femmes d’avoir un plus grand espace public pour se faire remarquer. Le but n’est pas de prendre la place des hommes mais tout simplement de faire partie du milieu au même titre qu’eux et de pouvoir être jugée sur un travail, et non pas sur la vie privée ou l’apparence. C’est ce qui arrive souvent. On ne juge pas l’artiste, on juge la femme. Mais des progrès sont réalisés chaque jour, comme avec l’arrivée de femmes Transformers dans l’industrie Marvel. Et même si le travail des femmes dans la BD est encore parfois mal considérée, elles y ont leur place sans conteste.

Performance graphique
L'exposition Li Chi-Tak au pavillon Asie du FIBD

L’exposition Li Chi-Tak au pavillon Asie du FIBD ©Lucie DADILLON

Je me suis ensuite rendue au quartier Asie, où se regroupent toute la communauté de BD asiatiques, avec des stands où l’on vend des mangas à gogo. Un endroit est destiné à accueillir des performances graphiques chaque jour. Chaque artiste a 30 minutes ou 1 heure pour créer une oeuvre, avec pour seul outil, un pinceau ou un crayon et une feuille blanche. Dans une ambiance cosy, des spectateurs assis ou debout profitent du spectacle, ébahis devant tant de talent. Ce qui ressort est la précision du dessinateur, la fluidité du trait. L’évolution du dessin est rapide, les détails impressionnants. Tout est fait en direct. J’ai pu assister à la performance de Li Chi-Tak, le créateur d’Akira que l’on surnomme « le sorcier de Hong Kong » (extraits ci-dessous).

Et bien qu’il fasse l’objet d’une exposition au Pavillon Asie du FIBD et qu’il participe aux rencontres internationales,  il se livre aussi à cette performance graphique. On dit de lui qu’il serait le parrain de la BD indépendante de Hong Kong, et on peut comprendre pourquoi. Après 1h de travail, le résultat est parfait, l’aboutissement d’un travail à la technique irréprochable. Quant au public, intergénérationnel et mixte, il sait faire preuve de respect en admirant l’artiste à l’oeuvre et en restant calme et concentré.

Le off of off et le off

Bien, j’avoue qu’un bon festival s’apprécie autant en journée qu’en soirée. Et de ce côté, le FIBD répond à l’appel. De retour dans la Maison du bonheur, impasse Schlingo, je m’aperçois que le vendredi soir a un tout autre visage que le jeudi soir. En effet, alors qu’il était aisé de rentrer et de circuler à l’intérieur de la Maison, je me retrouve coincée dans une file d’attente d’environ 20 minutes. J’ai bien essayé de faire la VIP et de passer par l’autre entrée, mais je me suis fait claquer la porte au nez. Littéralement. Je repasserai… Donc, retour dans la file, et j’attends patiemment avec les copines tout en faisant des rencontres incongrues. C’est-à-dire que se retrouver en soirée avec 3 de ses professeurs, ça n’arrive pas tous les jours. Mais il faut se rendre à l’évidence, Angoulême c’est petit, et le FIBD c’est grand. Une fois rentrée, je me rends compte que l’espace est rempli, mais l’ambiance est toujours aussi bonne, un peu plus rock’n’roll/twist cette fois. La file d’attente (encore une !) des toilettes m’a permis d’échanger avec Elric Dufau, le dessinateur de Marche ou Rêve, aux éditions Dargaud. Egalement enseignant et rédacteur au Huffington Post, il a plus d’un tour dans son sac, et comme il ne voulait pas croire que je le citerai, je le fais. Hop ! Pour plus de détails sur ce qu’on peut trouver dans ce Off Of Off, rendez-vous à l’étape 1 de mon périple.

Vient ensuite l’arrivée au vrai Off du festival, qui se déroule au Moon, un bar/boîte/jesaispastrop, situé 15 place du Champ de Mars. Et c’est dans une ambiance festive que je me retrouve entourée de festivaliers et d’auteurs, dessinateurs et artistes en tous genres. Une atmosphère de folie qui vous entraîne jusqu’au bout de la nuit et qui constitue une suite logique au passage impasse Schlingo. Il y est possible d’échanger avec des gens talentueux et passionnés, ainsi que de danser ou de consommer au bar (avec modération bien sûr). Un conseil, si vous voulez vous amuser au FIBD, foncez voir !

Pour ma part je vous donne rendez-vous demain pour de nouvelles aventures au pays de la BD !

Informations pratiques :

> Du 28 au 31/01/2016
Billetterie (gratuit pour les moins de 10 ans)
Sur place : 17€/jour – 37€/4 jours
http://www.bdangouleme.com/

Written by Lucie Dadillon