À Angoulême, en janvier, se déroule l’incontournable Festival International de la Bande Dessinée (FIBD). En tant que grande aventurière, j’ai décidé de me plonger dans ce vivier artistique dont c’est la 43ème édition en 2016. Et comme je suis totalement novice en matière de bande dessinée, à moi la découverte !

Ouvert à tous, le FIBD permet de (re)découvrir des artistes de l’univers de la bande dessinée, de rendre hommage à d’autres, de propulser de jeunes talents sur le devant de la scène, ainsi que de favoriser l’échange et les rencontres entre initiés et non-initiés. Au programme en 2016, des performances graphiques, des projections, des débats, des conférences, des ateliers adultes et jeunesse, des spectacles, ainsi que des rencontres internationales, et bien évidemment les fameuses remises de Prix. Jour après jour, vous serez embarqués dans mon voyage autour de ce festival, qui change le visage d’Angoulême le temps d’un week-end.


Jour 4 : dimanche 31 janvier 2016

Pour ne rien changer, toujours un temps pluvieux, mais au moins il ne fait pas froid. C’est le dernier jour de festival, j’entends les gens parler de départ… Angoulême redeviendra très rapidement la ville paisible que je connais, à mon plus grand malheur ! Heureusement, la ville vit au rythme des festivals et très bientôt, un nouveau prendra la place du FIBD ! Malgré les départs, cela reste un jour important pour le FIBD, et il y a encore de nombreuses personnes présentes. Donc, je me suis encore fait recaler à l’entrée, oui, mais de nombreux événements étaient encore programmés et accessibles.

Autour de « Jean de Fer »
Exposition chez Scutella Editions , jeux de lumière rouge

Exposition chez Scutella Editions ©Lucie DADILLON

"Jean de Fer" raconté à voix haute par un conteur et illustré

« Jean de Fer » raconté à voix haute et illustré ©Lucie DADILLON

Ce matin, c’est dans une atmosphère poétique que j’entre. Un rendez-vous 2 avenue de Cognac, chez Scutella Editions. Faisant partie du Off du FIBD, l’accès est ouvert à tous et gratuit. Le programme indique « Spectacle son et lumière »… Bon, j’admets que je m’attendais à du Vjing ou à quelque chose de dynamique et jeune. Pour être jeune, ça l’est. Pour un public très très jeune je dirais même. Ok, c’était pour les enfants. Mais j’y suis, et je me laisse emporter, la présence d’autres personnes d’un âge supérieur à 10 ans me rassure. Une confession ? Je ne regrette absolument pas ! J’assiste finalement à une lecture à voix haute de la bande dessinée « Jean de Fer » de Cécile Chicault pour Scutella Editions. En plus du conteur, des jeux de lumière sont mis en place, et l’illustratrice effectue en temps réel le dessin du personnage du « Rouillé » alias Jean de Fer. Un conte légendaire, d’après les frères Grimm, qui nous ramène dans un temps médiéval passé et totalement imaginaire, à la rencontre d’un ‘monstre’ et d’un enfant. Je n’en dirais pas plus. Très vite, je suis embarquée dans cette histoire, contée divinement, et embellie grâce à la lumière et aux sons qui rythment le récit. La dessinatrice projette son illustration en direct, ainsi que des extraits de la BD. Je ne saurais dire combien de temps cela a duré, 30 minutes peut être. Quoi qu’il en soit, quand la fin vient, on regrette que ça n’ait pas duré plus longtemps. C’est apaisée, reposée, et avec une super histoire en tête que je ressors, prête à affronter la journée qui m’attend.

Exposition « Hommage à Katsuhiro Otomo »
Des tableaux en hommage à l'auteur japonais

Exposition Hommage à Katsuhira Otomo ©Lucie DADILLON

Ce sont dans les caves du Théâtre d’Angoulême qu’on peut avoir le plaisir d’apercevoir l’exposition Hommage à Katsuhiro Otomo, l’artiste qui a signé cette année l’affiche de la 43ème édition du FIBD. Consacré en 2015, Katsuhiro Otomo devient le premier auteur japonais à remporter le Grand Prix d’Angoulême et occupe la place d’honneur en 2016. Je me rends donc dans les caves du théâtre et me retrouve face au travail de 42 auteurs, de toutes nationalités, qui ont tenus à rendre hommage à l’artiste japonais grâce au dessin. Evidemment, de nombreuses images reprennent l’oeuvre célèbre du dessinateur, Akira. La diversité des techniques, des oeuvres, des couleurs, est tout simplement impressionnante. On a parfois l’impression que certaines vont sortir du cadre. C’est en tout cas une exposition que j’ai apprécié, rapide et simple, tout en étant originale et prenante. Et juste pour visiter les caves du théâtre, ça vaut le déplacement.

Le journalisme dessiné

Dernière étape de ce FIBD : direction une conférence sur le journalisme dessiné, avec les auteurs de La Revue Dessinée que sont Benoît Collombat et Etienne Davodeau (j’ai les noms aujourd’hui !!). Ayant moi-même un pied dans le journalisme grâce à La revue Y (mais juste un pied), cet échange m’intéresse particulièrement, et en plus c’est à côté de chez moi, donc toutes les conditions sont réunies pour que je m’y retrouve.

La couverture de la BD avec de gaulle ensanglanté

Le documentaire dessiné ©Fnac.com

En vérité, je ne connaissais pas le journalisme dessiné. Jamais vu, jamais entendu, jamais même pensé à ça. Mais oui, le journaliste a divers moyens d’expressions, avec les médias comme la télévision ou la radio, avec les livres documentaires… et pourquoi pas avec la BD ? Associé avec le dessinateur Etienne Davodeau, au hasard des rencontres, le journaliste Benoît Collombat livre un documentaire dessiné, Cher pays de notre enfance, pour les éditions Futuropolis, qui revient sur une organisation de l’histoire contemporaine : le SAC, service d’ordre du parti gaulliste, qui fut directement responsable dans les années 1970 de plusieurs dizaines de meurtres. Un récit qui n’a rien de fictionnel, qui a nécessité un travail journalistique de fond conséquent, durant lequel les deux hommes ont été associés dans l’enquête qu’ils menaient. Benoît Collombat n’en est pas à son coup d’essai, il a en effet déjà écrit des livres journalistiques dont Un homme à abattre chez Fayard en 2003. Aujourd’hui lui a été offerte l’opportunité de travailler conjointement avec un dessinateur de talent, capable de rendre « sexy » les propos, et de mettre en scène toute cette enquête qu’ils ont menés. Une voie qui permet ainsi de dévoiler les coulisses du journalisme, en montrant les deux enquêteurs au fil de leurs recherches, les portes fermées, les retours sur témoignages… Les deux compères se sont lancés dans une recherche éprouvante, qui à l’heure d’aujourd’hui paraît moins dangereuse qu’elle ne l’était il y a plusieurs décennies. En effet, plusieurs journalistes enquêtant sur le même sujet, le SAC, furent tabassés, poursuivis ou menacés par le passé. Mais pas de crainte particulière pour les deux auteurs, qui ont réussi leur oeuvre, puisqu’elle a été primée hier, samedi 30 janvier 2016, Prix du public Cultura à la remise des prix officiels Fauves d’Angoulême. Pour conclure, une discussion intéressante, où j’ai beaucoup appris, et qui me donne envie d’acheter la BD… Affaire à suivre.

La 43ème édition du FIBD s’achève donc sur cette note journalistique, mais toujours dessinée ! C’était une expérience formidable, où j’ai beaucoup appris sur la BD. J’ai aimé le visage d’Angoulême durant ces 4 jours de festiv(ités). Maintenant, s’il pouvait faire beau pour la prochaine édition, ce serait parfait ! Comme quoi, qu’on soit amateur ou professionnel, ce festival est bel et bien ouvert à tous.

Donc, je vous donne rendez-vous demain… Haha non je plaisante, je fais une pause maintenant. Jusqu’à la prochaine opportunité qui s’offrira à moi! Retrouvez toutes mes aventures en cliquant sur le lien : #1  –  #2 –  #3

Informations pratiques :

> Du 28 au 31/01/2016
Billetterie (gratuit pour les moins de 10 ans)
Sur place : 17€/jour – 37€/4 jours
http://www.bdangouleme.com/

Written by Lucie Dadillon