« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », « Betty » et « Alabama 1963 » sont 3 romans, éminemment proches mais à la fois très différents. Certaines corrélations, évoquées ouvertement par plusieurs interviews et critiques, semblent évidentes : L’Amérique du XXème siècle (années 30 et 60), l’enfance, les ségrégations. D’autres parallèles, plus discrets mais tout de même très présents sautent également à l’esprit au fil des pages : l’affirmation de soi, le deuil, et même le féminisme.

Ce sont notamment ces éléments qui font que ces trois livres sont indispensables dans votre bibliothèque.
Trois lectures fluides, plus ou moins longues mais toutes faciles à dévorer, et dont il est difficile de lever les yeux. Trois lectures qui transportent, passionnent et font réfléchir.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », d’Harper Lee, est, selon moi, le trait d’union mais aussi la genèse des deux autres ouvrages.

Très grand classique de la littérature américaine, publié en 1960 et couronné du prix Pulitzer l’année suivante, il nous raconte l’histoire d’une enfant d’une dizaine d’années, Scout, qui grandit dans une bourgade d’Alabama au milieu des années 30.

On y découvre une vision de la société américaine de l’époque vue à travers le prisme d’une fille d’avocat, blanche et assez aisée. Y sont dépeints sa vie, son quotidien, mais surtout les différents profils qui l’entourent et la vision qu’elle en a, la vision que ces gens lui donnent de la société. Une société raciste, dans laquelle tous sont obligés de cohabiter et où la peur de l’inconnu, sous divers aspects et à différents degrés, est omniprésente.

C’est un roman sur l’enfance, certes, mais sans candeur exacerbée, faisant comprendre que de réels liens d’égalité pouvaient déjà exister, malgré la forte ségrégation ambiante.

Avec ce premier (et quasiment unique) roman, Harper Lee plonge ainsi ses lecteurs dans le sud des États-Unis et son atmosphère de l’époque. Aujourd’hui, il reste plus que jamais d’actualité et fait réfléchir sur nos « mockingbirds » contemporains, les choses inconnues qui nous entourent et dont nous devrions nous enrichir plutôt que les fuir voire les craindre.

Betty

« Betty », publié en 2018 par la romancière Tiffany McDaniel, est plus récent mais jouit déjà de l’encensement de la critique. Et pour cause !

Véritable coup de cœur littéraire, cet ouvrage prend le nom de sa narratrice, Betty Carpenter, jeune fille d’origine Cherokee qui grandit en Ohio dans les années 1960.

On y découvre, entrelacées, des thématiques comme l’importance de la famille (notamment des liens fraternels), la poésie des mythes amérindiens, la transmission parents-enfants, la folie ainsi que les prises de conscience successives liées à l’enfance, l’adolescence puis au passage à l’âge adulte. Et tout ça, sur une trame de fond teintée de féminisme, discret mais bel et bien présent.

Betty est une histoire fictive, mais pour laquelle on sait que certains éléments sont vrais (comme d’ailleurs dans « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur »), notamment le contexte ainsi que des points biographiques inspirés de la vie de la mère Tiffany McDaniel, l’autrice.

Une chose est sûre, il est difficile de s’en détacher : Betty est une lecture fluide sur des pages au papier on ne peut plus doux, pour exprimer un roman pur, mais dur.

Alabama 1963

Enfin, terminons ce triptyque avec « Alabama 1963 », un roman écrit à 4 mains (c’est assez rare pour être mentionné) par un duo d’auteurs français : Ludovic Manchette et Christian Niemiec.

L’Alabama n’a pas été choisi au hasard, puisqu’il s’agissait, à l’époque, de l’un des trois États (avec la Géorgie et le Mississippi) ayant le climat le plus ségrégationniste des États-Unis. C’est d’ailleurs dans ce même État que se déroule « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », une trentaine d’années plus tôt.
1963 est également un habile choix de date, puisqu’il s’agit de l’année du discours de Martin Luther King, énoncé lors de la marche sur Washington. Une année charnière donc pour l’égalité des droits de tous les citoyens américains.
Il n’en reste pas moins qu’à l’époque, le racisme était évidemment monnaie courante dans la réalité du quotidien, qui plus est dans une petite bourgade d’Alabama.

Dans ce contexte, le lecteur suit Bud Larkin, détective privé blanc un peu douteux, et Adèle Cobb, mère de famille afro-américaine, dans une enquête pour retrouver des petites filles noires disparues…

Le lecteur se laisse rapidement prendre au jeu, grâce à l’histoire, sa narration avec de nombreux dialogues et les personnalités attachantes des protagonistes. Les pages défilent sans que l’on s’en rende compte, preuve d’un polar réussi, même s’il ne doit pas être cantonné à ce genre littéraire.

Et plus encore…

De nombreux autres romans, différents mais avec des thématiques communes, pourraient bien évidemment venir compléter ce triptyque. Pensons notamment à « Nickel Boys » et « Underground Railroad », les deux Prix Pulitzer (oui oui !) l’auteur de Colson Whitehead, ou encore à « My Absolute Darling », poignant et prodigieux premier roman de Gabriel Tallent.

« Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » d’Harper Lee, paru aux éditions Le Livre de Poche, 6,90€ à la Fnac ou chez votre libraire préféré.

« Betty » de Tiffany McDaniel, paru aux éditions Gallmeister, 26,40€, par exemple à la Fnac ou chez votre libraire préféré.

« Alabama 1963 » de Ludovic Manchette et Christian Niemiec, paru aux éditions Pocket, 7,60€ par exemple à la Fnac ou chez votre libraire préféré.

Written by Paola Vavasseur

Rédac Chef, amoureuse (de culture, communication et voyages) et passionnée (par les choses innovantes, intelligentes & rigolotes) !